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Choisirsacontraception.fr : comment les options sont-elles présentées ?

Choisirsacontraception.fr : comment les options sont-elles présentées ?

Choisirsacontraception.fr nous laisse vraiment-il le choix de notre contraception ?

Toute époque confondue, les femmes ont développé des méthodes pour éviter les grossesses non désirées et la naissance d’autres bouches à nourrir. Il s’agissait de secrets de femmes, de pratiques domestiques plus ou moins dangereuses en ce qui concerne l’avortement notamment (herbes abortives, curetage, etc). Des gestes de l’ombre, souvent interdits.

 

La contraception est encore et toujours principalement une « affaire de femme ». Le tour des dispositifs masculins est rapide (préservatif, pilule dont l’existence pose question, vasectomie). Pour plusieurs raisons la concentration des moyens de contraception sur la femme peut révolter ! En effet, la responsabilité de l’efficacité du moyen choisi (penser à prendre sa pilule, bien mettre en place son diaphragme), ses éventuels effets secondaires mais aussi son coût (tous les moyens de contraception ne sont pas remboursés) forment une lourde charge. Me voilà souhaitant crier au scandale! Qui sont les types qui continuent à s’acharner ainsi sur la fertilité féminine et non masculine ? (parce que ce sont certainement des types masculins, me dis-je).

 

Quelque part en voguant sur le web, je tombe sur l’avis d’une féministe anonyme. Pour elle, mieux vaut que la contraception reste en pratique dans les mains des femmes. Pourquoi ? En cas de grossesse non désirée, toutes les conséquences se répercutent directement sur la femme, avec ou sans partenaire. Le risque est trop important pour laisser reposer sur quelqu’un d’autre la responsabilité de sa fertilité. D’après elle, les hommes ne sont pas habitués à voir planer au-dessus de leur tête cette épée de Damoclès. Je me demande s’il ne s’agit pas de conditionnement ou d’éducation tout simplement. Mais ses arguments se tiennent. Mieux vaut garder les cartes en mains et exiger que son partenaire, les hommes en générale, s’investissent d’avantage dans la charge de la contraception féminine en mettant la main à la pâte concernant les frais mais aussi « l’organisation » (faire penser à prendre sa pilule, s’occuper des rendez-vous gynécologiques).

 

L’accès à l’information sur les différents dispositifs est primordial. Les campagnes de sensibilisation vont bon train et les sites ne manquent pas. choisirsacontraception.fr propose un tableau des différentes méthodes avec une classification modulable sur différents critères (coût, efficacité, hormonal ou non) et une explication pour chaque moyen.

 

Je ne tiens pas à remettre en cause ce qui est présenté dans ce tableau. L’information doit être trouvée rapidement et expliquée le plus clairement possible. Et c’est globalement bien le cas. Je tiens simplement à revenir sur la façon dont certaines méthodes, notamment non-hormonales, sont présentées ou critiquées (indirectement) et ce qu’elles sous-entendent sur la façon de gérer notre corps et notre sexualité. Les professionnels de la santé ne sont d’ailleurs pas toujours des plus impartiaux dans leur façon de nous conseiller.

 

Les méthodes naturelles sont présentées une à une (détermination de la période d’ovulation, allaitements, etc). Pour chacune d’elles est bien mis en évidence qu’il s’agit de pratiques incertaines, voire aléatoire. Effectivement, les cycles menstruels peuvent variés et être perturbés par des éléments extérieures ou par notre niveau de stress. Il est important de le rappeler. L’utilisation des méthodes naturelles nécessite d’avoir des cycles extrêmement réguliers et de bien connaître son corps. Voilà qui ne nous encourage pas à connaître mieux notre corps pour le comprendre et donc le maîtriser nous-même. En fait, il semble impossible de prendre connaissance de manière exacte de notre cycle. Sans pour autant opter pour cette technique, il me semble important non seulement de comprendre notre corps mais aussi d’en sentir les variations. Chose à laquelle nous ne sommes pas préparées. Re-sentir notre corps et ses cycles.

 

Le passage qui me fait cependant presque rire est le suivant, on le trouve dans la partie « inconvénients » (toute la présentation s’est cependant déjà chargée de nous décourager, voici donc l’arrivée de l’argument-phare) : elles nécessitent de se passer de rapports sexuels avec pénétration pendant plusieurs jours. Ah quel horreur ! Il est bien connu que la pénétration est la pratique favorite, provoquant le plus de plaisir à la gente féminine. La sexualité c’est le coït ou rien. Merci bien ! Et pour terminer, qui peut utiliser ces méthodes ? Tout le monde peut utiliser les méthodes naturelles. Toutefois, au vu de leur faible efficacité dans la pratique, elles sont plutôt recommandées aux couples qui souhaitent espacer les grossesses, peuvent se passer de rapports sexuels avec pénétration pendant plusieurs jours et qui sont prêts à accepter une grossesse, même si elle n'était pas prévue. Ils sont bien braves ces couples quand même. Bon, on a bien compris, les méthodes naturelles n’ont rien de bien sérieux aux yeux de ce tableau.

 

Les DIU ou stérilets hormonals ou en cuivre, eux, sont bien plus recommandables et recommandés. De quoi rendre stérile sur une période donnée. « Stérile », un phénomène pourtant bien tabou. Ce petit outil est présenté de la manière suivante : le DIU se termine par un fil qui est coupé très court par le médecin ou la sage-femme au moment de la pose. S’il est assez long pour permettre au médecin ou à la sage-femme de retirer le DIU, avec une petite pince, ce morceau ne gêne pas le partenaire pendant les rapports sexuels. La pose d’un stérilet sous-entend donc qu’il faut faire appel à un professionnel, un intermédiaire entre nous et notre corps. Si le corps ne supporte pas les effets du stérilet, il faut prendre rendez-vous et attendre. Prendre son mal en patience.

Mais revenons sur le “ne gêne pas le partenaire pendant les rapports sexuels.” Ne faudrait-il pas plutôt dire « pendant le coït » ? Et qu’en est-il du confort de LA partenaire ?

Le DIU hormonal peut provoquer les mêmes effets secondaires que les contraceptifs contenant des progestatifs : petits saignements répétés ou au contraire disparition des règles (ce qui est sans gravité), prise de poids, et/ou poussée d'acné.

Ce qui est sans gravité ? Ne plus avoir ses règles, une bénédiction même ? Qui sont-ils pour dire qu’être privée d’une horloge biologique n’est pas grave ? Évidemment si l’on considère les règles uniquement comme un mal par lequel il faut parfois passer pour un jour tenir le rôle privilégié de mère, en être libérée est un don !

Je vais arrêter ici le décryptage de la présentation des moyens de contraception. L’accès à l’information est essentielle mais la manière dont on nous en parle regorge d’idée préconçue sur la manière dont nous (ne) devrions (pas) appréhender notre corps, notre sexualité et désir de grossesse. Il en va de notre liberté en somme !

Dans l’ensemble il transparaît en effet, que la grossesse est une chose favorable, que l’on évite pour un temps seulement (jetez donc un coup d’oeil à la présentation de la stérilisation définitive! Hautement déconseillée !).

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1 commentaire
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Anonyme  Le 26/02 à 03:05

une autre question (métaphorique) a se poser: pourquoi enfiler un gilet pare-balles si on peut aussi bien décharger le flingue?