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Ma vie en coloc avec une manifpourtous (2)

Ma vie en coloc avec une manifpourtous (2)

C'est alors que j'entends la clé s'agiter dans la serrure.

Je quitte sa chambre en vitesse, attrape le premier truc qui se trouve devant moi et me
retrouve innocemment à caresser avec toute la ferveur du monde... un vieux sac en plastique
Gilbert. Ma colocataire arrive face à moi et ne dit rien. Elle semble ailleurs, dans un autre univers.
Je pose le sac discrètement et me dirige vers la cuisine. Nous nous installons machinalement à table,
sans un mot. Je l'envie presque, elle semble si apaisée. De mon côté, c'est l'inverse, mon coeur tape à
100 à l'heure, je n'arrive même pas à croiser son regard, une foutue question me hante et ne me
lâche pas. « T'AS QUELQUE CHOSE CONTRE LES HOMOSEXUELS OU PAS ? »

Je me tais, je serre les poings, je me mets des baffes imaginaires. Elle me sourit et me
demande si je veux un café. Comment peut-elle faire comme si de rien n'était ? Comme si le monde
n'était pas en train de s'écrouler à ce moment même ? Comment peut-elle sourire alors que des
milliers de personnes crient leur haine au même moment dans les rues de Paris et Bordeaux ? Je
commence à bouillir intérieurement. Oui, un café s'il te plaît et serré, oui bien serré. Serré comme
vos putain de fesses de cathos à la con.

Je ferme les yeux et me ressaisis, je deviens folle. Je fixe la vierge qu'elle a installé audessus
du frigo. Je ne comprends pas, elle est si gentille, si attentionnée et tellement drôle (ma
coloc, il s'entend, pas la vierge) Les images des drapeaux bleus et roses ressurgissent violemment
dans ma tête tandis que le café s'écoule doucement. C'est alors que je me souviens d'une
conversation qu'on a eue une semaine auparavant. Elle me racontait que son frère n'avait jamais fait
la vaisselle, ni repassé un caleçon à presque 20 ans, tandis qu'elle et ses 6 soeurs (à prononcer dix
fois, de plus en plus vite) pratiquaient les tâches ménagères depuis leur plus jeune âge. Je ne pus
m'empêcher de crier à l'injustice et au sexisme et elle, tenez-vous bien, se contenta de me répondre
« c'est normal, les filles et les garçons c'est pas pareil ».

Mon coeur s'est arrêté de battre. J'entends en écho au fond de mon esprit une foule qui hurle
« théorie du genre, théorie du genre ! ». Cette fois, j'en suis sûre, ma coloc est une manif pour tous.
« Tasse bleu ou tasse rose ? » me demande-t-elle d'une voix douce.

A suivre.

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