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Portraits d'Amérindiennes : les descendantes des femmes chefs

Portraits d'Amérindiennes : les descendantes des femmes chefs

Primitive et absolument moderne, la tribu amérindienne des Hurons-Wendat avait réalisé un de nos fantasmes : donner le pouvoir aux femmes. Rencontre avec celles dont les mères (et grand-mères) étaient des chefs de clans.

Wendake, une réserve autochtone urbaine, à quelques lieues de Québec.

Lorsque l'eau passe d'une extrémité à l'autre de cette étrange carafe, elle émet un drôle de son, proche de celui des pleurs. Utilisée lors des cérémonies funéraires, elle incarnait le passage du monde des vivants à celui des morts. Nancy s'amuse et m'explique que le bruit de l'eau aidait surtout les femmes à pleurer leur défunt mari. Car les cérémonies avaient lieu lorsque le village déménageait, souvent plusieurs années après leur mort. D'où son nom : la pleureuse.

En 1966, Élisabeth Ashini est la deuxième autochtone du Québec à recevoir le diplôme d'infirmière. Pourtant, elle a grandi en forêt, suivant le mode de vie traditionnel nomade. Mais à l'âge de 9 ans, sa mère, visionnaire, l'envoie à l'école. Ses frères restés dans la forêt n'ont pas survécu.

Et la femme tomba du ciel...

C'est ici que tout commence, que la nation huronne voit le jour, lorsqu'une femme, Aataensic, tombée du ciel, est rattrapée par les oies sauvages et déposée sur le dos de la Grande Tortue. La Grande Tortue Amérique.

C'est Francine qui me raconte cette histoire. Elle parle avec de grands gestes, comme à des enfants. Son visage est solaire, ses yeux brillants d'excitation.

Wupukunis Onienta est son nom indien. Sa grand-mère, une des femmes chefs, l'avait choisie : alors qu'elle s'avançait vers la maternité sous une rafale de neige, elle vit des pots de fleurs. De toutes petites fleurs. Elle la nomma alors petite fleur des neiges.

Avant que les jésuites ne viennent s'en mêler, les Hurons-Wendat fonctionnaient sur un système matrilocal et matrilinéaire... Simple : une fois marié, l'homme déménageait dans la maison de sa femme et prenait le nom de son clan. Futé : le fruit de leur union était élevé dans le clan de la mère et héritait ainsi de sa manière de penser. Extrême ? La mère choisissait la figure paternelle de ses enfants parmi les membres de sa propre famille. Ils étaient ainsi éduqués par leur oncle ou par leur grand-père, mais jamais par leur père. Seulement à ce prix se perpétuait la sagesse du clan.

La blonde du clan de l'Ours

Blonde aux yeux bleus, Nancy est le joli produit du métissage autochtone. Mais elle se clame surtout du clan de l'Ours. À ses côtés, la conversation prend un tournant, disons, plus croustillant...

La femme huronne, maîtresse femme, oui, mais à quel point ? Qui avait le dessus sous la peau d'orignal tanné ? Ces informations semblent avoir disparu avec les intervenants impliqués. Dommage. En revanche, j'apprends que les jeunes filles vivaient leur sexualité librement, cumulant les flirts. Et ce, jusqu'à l'âge de 14 ans. Là, fin de la récréation, elles devaient alors désigner le petit ami qu'elles prendraient comme mari. La femme choisissait, donc. Et la femme était maligne. Le jeune homme désigné avait alors droit à une période d'essai d'un an. Si, passé ce délai, la mère de la jeune fille le jugeait paresseux ou peu vaillant, elle le renvoyait dans son clan. Et sa fille de se chercher un meilleur prétendant.

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1 commentaire
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JimCorleone  Le 25/02 à 18:29

Dans cette tribu les femmes choisissaient le mari pour la descendance, mais rien n'indique qu'elles détenaient le pouvoir politique... Le pouvoir est toujours tenu par ceux qui font la guerre, hors ceux qui la font ce sont les hommes, qu'elle que soit la culture.