Ce mot que les décorateurs redoutent de prononcer : s'ils l'emploient pour votre salon d'hiver, inquiétez-vous
Salons envahis de plaids, guirlandes lumineuses à chaque fenêtre, bougies sur tous les meubles… Quand l’hiver approche, l’intérieur se transforme souvent en terrain de jeu déco, surtout à l’heure du cocooning et des fêtes. Les décorateurs, eux, observent ces métamorphoses avec un mot en tête, qu’ils n’osent prononcer qu’en dernier recours, comme un verdict pour une pièce qui a complètement perdu le fil.
Car derrière les photos parfaites des réseaux sociaux, beaucoup d’intérieurs basculent en silence dans la décoration kitsch sans que leurs habitants ne s’en rendent compte. Accumulations, couleurs qui s’entrechoquent, objets “zen” partout… puis, un jour, ce fameux mot tombe en privé entre pros pour décrire une déco kitsch jugée dramatique. Comment savoir si son salon a franchi la ligne rouge sans le voir venir ?
Quand le mot kitsch devient l’alerte rouge des décorateurs
Dans une visite conseil, les professionnels évitent rarement de dire frontalement qu’un intérieur est kitsch. Ils parlent plutôt d’un ensemble "un peu chargé", d’une pièce qui "manque de respiration" ou d’une ambiance "dissonante". Derrière ces formules feutrées se cache pourtant la même réalité : l’œil ne sait plus où se poser, l’espace a perdu son harmonie, l’esprit se fatigue au lieu de se détendre. Et, au fond, personne n’a envie d’entendre que son salon ressemble à un décor de mauvais goût.
Cette retenue vient aussi d’une chose très simple : "Personne ne veut que son salon soit qualifié de kitsch" devant la famille ou les amis. Le mot touche à l’ego, à l’image de soi, surtout quand on aime recevoir pendant les longues soirées d’hiver. Les décorateurs repèrent alors les mêmes signaux d’alerte rouge : accumulation de souvenirs de vacances, bibelots colorés, cadres photo, bougies sur chaque rebord, mélange de déco de Noël et d’objets “zen”… L’effet musée remplace peu à peu l’art de vivre.
Les signes que votre déco frôle la catastrophe kitsch
Le premier indicateur d’un intérieur en train de déraper, c’est le trop-plein. Les tables basses n’offrent plus un centimètre libre, les étagères croulent sous les objets, les rebords de fenêtres deviennent des mini expositions. À cela s’ajoutent les couleurs qui s’affrontent : rideaux rouge vif, coussins turquoise, tapis multicolore, guirlandes colorées… L’ensemble crée une cacophonie visuelle. Certaines erreurs classiques aggravent encore la décoration kitsch : total look (tout assorti du sol au plafond), motifs animaliers très présents, fleurs artificielles trop voyantes, luminaires de styles différents disséminés partout.
Ce qui gêne n’est pas seulement le regard, mais aussi le cerveau. L’esprit a besoin de clarté visuelle et d’espaces qui respirent. Quand les objets s’entassent, même sous prétexte de déco “zen” ou cocooning, ils produisent un bruit visuel constant, un malaise discret qui finit par épuiser. On peine à se concentrer, on cherche toujours une place libre pour poser une tasse, on a l’impression d’étouffer un peu chez soi. En automne-hiver, la tentation d’empiler plaids, coussins, souvenirs de Noël et petits cadeaux accentue encore cette sensation de saturation.
Comment sauver une décoration kitsch sans tout refaire
Pour sortir du rouge sans renoncer à une ambiance chaleureuse, les décorateurs conseillent de commencer par un geste simple : prendre du recul. Photographier la pièce permet de repérer ce qui saute aux yeux en premier, ce qui semble “en trop”. Ensuite, on enlève avant d’ajouter : ranger les objets hors saison, regrouper les souvenirs plutôt que les éparpiller, limiter les accessoires qui n’ont ni usage ni valeur sentimentale. En général, trois teintes principales suffisent à calmer une déco dramatique, surtout si l’on mise sur des matières naturelles comme le bois clair, la laine bouclée, le lin ou la céramique brute, associées à une lumière douce.
Les tendances hiver 2025 montrent aussi qu’une couleur longtemps jugée risquée peut devenir une alliée, si elle est dosée avec soin. Le rouge, par exemple, quitte le registre des intérieurs baroques pour réchauffer les salons, salles à manger et même salles de bain. Un fauteuil grenat, un plaid terracotta, une nappe rouge cerise ou quelques carreaux rouge brique suffisent à donner du caractère sans replonger dans la déco kitsch. "Des tons terreux atténués et des nuances douces inspirées du soleil fonctionnent mieux pour compenser la lumière naturellement froide", souligne James Roberts de Sanctuary Bathrooms, cité par le magazine Le Journal de la Maison. Pour les plus prudents, les designers rappellent que "Les roses chauds créent une douce lumière qui rend instantanément un espace plus accueillant et chaleureux", explique Aaron Hahnselle, designer à La Nouvelle-Orléans, cité par le magazine Real Simple. L’idée n’est pas d’effacer tout ce qui fait la personnalité de la maison, mais de garder le meilleur et d’apprivoiser le reste pour que chaque pièce retrouve son équilibre.