Flacon de produit vitres dans la main, écran maculé de traces de doigts, petite brume bleutée… La scène paraît banale et rassurante. Les experts, eux, tirent la sonnette d’alarme : certains sprays ménagers abîment les écrans et chargent l’air du salon en composés irritants. Les écrans sont partout, du smartphone au téléviseur.

Flacon de produit vitres dans la main, écran maculé de traces de doigts, petite brume bleutée… La scène paraît banale et rassurante. Les experts, eux, tirent la sonnette d’alarme : certains sprays ménagers abîment les écrans et chargent l’air du salon en composés irritants.

Les écrans sont partout, du smartphone au téléviseur. On les touche, on les souffle, on les nettoie à l’instinct, souvent avec ce qu’il y a sous l’évier. Mauvaise idée. Car ces dalles ne sont pas du “verre comme les vitres” : elles portent des revêtements oléophobes et antireflets très fins, sensibles aux solvants et aux agents alcalins. Un coup de spray multi-usage, un passage trop appuyé au sopalin, et le film protecteur se ternit, se raye, perd son glissant. Dans l’air, les parfums et solvants du produit se diffusent, et la promesse de “propreté” se transforme en cocktail de COV dans une pièce peu ventilée. Et si ce geste faisait plus de mal que de bien ?

Le faux bon réflexe qui ruine l’écran… et l’air du salon

Le réflexe est ancré : pulvériser, frotter, admirer la brillance. Sauf qu’un écran n’est pas une fenêtre. Au premier regard, tout semble nickel ; à la lumière, des halos persistent et l’odeur de citron masque une irritation des yeux. **Le réflexe “un coup de spray” sur l’écran est un mauvais réflexe.** À force, le toucher devient “collant”, la glisse de l’écran s’altère et les micro-rayures apparaissent. On croit nettoyer, on use.

Les fabricants sont clairs. Apple proscrit ammoniac, eau de Javel, peroxyde et aérosols sur ses écrans, et tolère seulement des lingettes à 70 % d’alcool isopropylique, appliquées sur un chiffon (support.apple.com/fr-fr/HT204172). Microsoft dit la même chose pour les Surface, en ciblant l’IPA 70 % et les gestes doux, sans pulvériser directement (support.microsoft.com/fr-fr/surface/nettoyer-et-entretenir-votre-appareil-surface-344822be-17a3-7800-efb2-f4bd5fc9c618). En parallèle, l’Anses rappelle que les produits d’entretien émettent des COV irritants et qu’il faut limiter sprays et parfums, surtout en intérieur (anses.fr/fr/content/produits-dentretien).

Pourquoi ça abîme ? Les couches oléophobes sont des polymères ultra-fins. L’ammoniac, les agents chlorés ou certains solvants les attaquent, les dénaturent, les rendent mates. Les papiers essuie-tout, trop abrasifs, creusent des micro-rayures qui accrochent la lumière. Pulvériser directement, c’est aussi risquer l’infiltration par les haut-parleurs et connecteurs, avec des résidus qui sèchent et laissent des auréoles. Le tout, dans un volume d’air chargé de composés volatils qui irritent bronches et muqueuses.

La méthode propre, simple et sans toxique

Éteindre l’appareil. Attendre quelques secondes pour que la chaleur chute. Prendre un chiffon microfibre propre et dense, le passer à sec dans un seul sens, sans appuyer. Pour les traces grasses, humidifier légèrement le chiffon avec une solution d’alcool isopropylique à 70 % ou d’eau distillée, jamais pulvérisée sur l’écran. Passages courts, gestes lents, pas de mouvements circulaires insistants. Sécher avec une autre microfibre. **Un chiffon microfibre et un peu d’IPA, c’est suffisant.**

Erreur fréquente numéro un : le sopalin. Il raye. Numéro deux : le produit vitres parfumé. Il dégrade les revêtements et charge l’air. Numéro trois : frotter fort. Le bon nettoyage se joue au geste, pas à la force. On a tous déjà vécu ce moment où, pressé, on “fait vite fait” avec ce qu’on trouve. Soyons honnêtes : personne ne fait vraiment ça tous les jours. Mieux vaut un petit rituel hebdomadaire, propre et sans risque.

Il manquait une pièce au puzzle : la protection. Un film de protection de qualité avec couche oléophobe se remplace pour quelques euros, là où un écran coûte cher à réparer. Autre allié pratique : une mini-trousse “écran” à la maison, avec deux microfibres, un flacon rechargeable d’IPA 70 % et de l’eau distillée. On ventile 5 minutes pendant l’entretien, on range hors de portée des enfants, et on garde ces produits loin de toute flamme. **Moins de chimie, plus de douceur : vos écrans et vos poumons diront merci.**

Et si on changeait d’habitudes ?

Passer d’un spray “qui sent le propre” à une routine sobre, c’est un petit déplacement culturel. On protège ses écrans, on respire mieux, on consomme moins. Le geste est facile à transmettre à la maison ou au bureau, et crée une forme d’hygiène numérique au quotidien. Partager la bonne méthode, c’est éviter des centaines d’écrans ternis et des litres de solvants vaporisés pour rien. *La propreté qui dure ne fait pas de bruit, elle s’évalue au fil des semaines.* On s’équipe de deux microfibres, d’un peu d’IPA, et la tentation du spray ménager s’éloigne d’elle-même. Les fabricants donnent la ligne, la science de l’air intérieur confirme l’enjeu, et le porte-monnaie suit. Le plus dur n’est pas la technique, c’est d’oublier le vieux réflexe. Et si la prochaine fois, la “brillance” venait d’un geste juste, pas d’une odeur chimique ?

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