Vous dépensez une fortune pour votre chat, mais ce carton lui suffit : ce que vous ignorez sur ses besoins

Panier design flambant neuf, fontaine connectée, jouets lumineux partout… et au milieu du salon, un chat ravi, roulé en boule dans le carton de livraison. Beaucoup de propriétaires se retrouvent dans cette scène un peu vexante et se demandent pourquoi leur compagnon snobe ce qu’ils ont choisi avec soin. On en arrive vite à taper sur son moteur de recherche : pourquoi les chats aiment les cartons plus que tout le reste ?

À l’approche de Noël, les rayons animaliers débordent de nouveautés, présentées comme la clé du bonheur félin. Distributeurs automatiques, tunnels interactifs, colliers anti-stress… L’argument revient en boucle : « enrichissement du quotidien de votre chat ». En 2025, certains foyers devraient ainsi dépenser jusqu’à 300 euros par an en accessoires non essentiels, alors que le chat s’installe avec un air très sûr de lui dans le vieux carton du dernier colis. Une contradiction qui intrigue.

Gadgets pour chat et "pet parent" : quand on en fait beaucoup (trop)

Les marques surfent sur un attachement de plus en plus fort à l’animal, devenu pour beaucoup un véritable membre de la famille. Ce "syndrome du pet parent" pousse à vouloir le meilleur : coussins ultra-moelleux, fontaines dernier cri, jouets automatiques pour éviter l’ennui en télétravail. On achète par affection, mais aussi par culpabilité, avec la peur de ne pas assez stimuler son chat d’intérieur.

Dans les faits, ces achats traduisent souvent davantage l’anxiété humaine que les besoins du chat. On suit le rythme des nouveautés saisonnières, on remplit son salon d’objets colorés… et l’animal choisit la solution la plus simple : le carton, discrètement posé dans un coin, qui répond à des réflexes bien plus anciens que notre dernier panier scandinave.

Pourquoi les chats aiment les cartons, vu par la science

Vu côté félin, le carton n’est pas un rebut, c’est une véritable tanière moderne. Le chat reste à la fois chasseur et proie : il a besoin d’un poste d’observation où se sentir invisible tout en surveillant son territoire. La boîte en carton offre cet espace de "semi-confinement" décrit par les spécialistes, avec parois protectrices, petite ouverture vers l’extérieur, isolation du froid et odeur familière du foyer. Le grain du carton sous les griffes renforce encore ce sentiment de contrôle.

Un travail néerlandais publié dans Applied Animal Behaviour Science a suivi des chats arrivant en refuge, certains avec boîtes à disposition, d’autres sans. Chez ceux qui disposaient d’une cachette, le niveau de stress, mesuré par un Cat Stress Score, a chuté dès le troisième jour, alors que les autres ont mis deux semaines à atteindre le même apaisement. La boîte ne sert donc pas seulement au jeu : elle permet de s’isoler, de récupérer et de mieux gérer un environnement perçu comme imprévisible. Danielle Gunn-Moore rappelle d’ailleurs que pour les chats les plus anxieux, multiplier les cachettes accessibles dans la maison améliore nettement le bien-être.

Cartons au quotidien et en déménagement : un refuge à exploiter

Lors d’un déménagement, ce besoin de refuge devient évident. Nouveau logement qui sent la peinture, cartons partout, bruits inhabituels : si l’on laisse le chat explorer tout l’espace d’un coup, il se retrouve dans un véritable "marathon de stress". Les comportementalistes recommandent au contraire une pièce dédiée, calme, où l’on recompose un "chez-lui" miniature avec ses gamelles habituelles, sa vieille litière, son doudou élimé et pourquoi pas un ou deux cartons. Ce cocon réduit les risques de fugue et aide à limiter miaulements, griffades et accidents de propreté. Attendre environ deux semaines avant d’ouvrir les autres pièces, puis observer s’il mange, joue, demande des caresses, permet une transition bien plus douce.

En dehors des grands changements, utiliser les cartons comme alliés plutôt que comme simples emballages change aussi la vie du chat domestique. Tunnels bricolés, boîtes empilées près d’une étagère, simple manche de pull roulée en boule dans un carton suffisent souvent. L’essentiel reste de répondre à ses besoins de base :

• sécurité, stimulations simples, contacts bienveillants.

Un ou deux coins douillets, un arbre à chat solide, quelques jouets variés et des cartons recyclés font déjà beaucoup pour son bien-être. Le reste se joue dans l’interaction, l’observation discrète et la liberté d’explorer à son rythme. Quand on hésite devant un nouveau gadget, un regard vers le carton vide du salon rappelle que, pour un chat, la simplicité garde souvent une longueur d’avance.