Cette erreur au potager avec cette aromatique la transforme en vraie envahisseuse, ne faites plus ça
Une poignée de feuilles dans le thé, quelques brins sur la bûche de Noël ou le taboulé, un parfum frais qui rappelle les étés à la campagne : la menthe fait partie de ces aromatiques que l'on adore installer partout. Un petit plant glissé près des fraisiers ou au bord d'un massif semble d'ailleurs inoffensif, presque timide. Avec un peu de soleil et de pluie, pourtant, cette plante si sympathique peut transformer un carré bien rangé en tapis vert serré, au point d'étouffer ses voisines. Beaucoup de jardiniers découvrent alors qu'ils ont, sans le savoir, adopté une vraie menthe envahissante. Et tout commence souvent par un geste tellement banal qu'on ne le questionne même plus.
D'une année sur l'autre, le carré d'aromatiques joliment dessiné se couvre de tiges de menthe, jusqu'à faire disparaître la ciboulette, la sauge ou les salades voisines. Certains parlent de jungle, d'autres de mer verte, mais tous se demandent la même chose : pourquoi cette plante, si utile en cuisine et en infusion hivernale, prend-elle autant de place au jardin, et peut-on l'empêcher de tout coloniser ? La réponse tient à la fois à la manière dont la menthe pousse et à une habitude de plantation partagée par une majorité de jardiniers ; reste à savoir si vous faites, vous aussi, partie de ceux qui commettent cette erreur sans s'en rendre compte.
Pourquoi la menthe devient vite une menthe envahissante au jardin
À première vue, la menthe est la parfaite alliée du jardin d'aromatiques : plante vivace, rustique, elle repart chaque printemps et supporte sans broncher les récoltes répétées pour les tisanes et les desserts. Ce qui la rend redoutable se joue sous la surface : ses racines, de vrais rhizomes traçants, se faufilent dans le sol jusqu'à environ 30 cm de profondeur, avancent à distance du pied d'origine puis ressortent plus loin pour former de nouvelles pousses. De proche en proche, elles finissent par occuper le moindre espace frais et nourrissant, surtout dans un potager bien arrosé. Et quand on installe la menthe "comme les autres aromatiques", directement en pleine terre sans limite, on lui offre en réalité un terrain de jeu sans frontières.
Un seul petit plant posé dans un angle du potager peut alors, en quelques saisons, étendre ses tiges à travers les plates-bandes. Les touffes gagnent le rang des fraisiers, débordent sur les fleurs, se glissent entre les légumes jusqu'à prendre la place de toutes les autres cultures. Arracher les jeunes pousses qui dépassent ne suffit pas, car il reste presque toujours un morceau de racine en profondeur, prêt à redémarrer dès que les conditions redeviennent favorables. C'est à ce moment-là que l'on réalise que cette menthe, installée sans précaution en pleine terre, est devenue une véritable menthe envahisseuse.
Planter la menthe en pleine terre, l'erreur qui la rend vraiment envahissante
En jardinerie ou chez un voisin généreux, le réflexe paraît logique : on récupère un pied vigoureux et on choisit de planter la menthe en pleine terre, bien en vue au milieu du potager. On s'imagine des récoltes abondantes à portée de main, un beau carré parfumé qui habille le jardin d'un vert lumineux. Ce geste, simple et rapide, est pourtant le point de départ de la colonisation, car rien ne vient retenir les rhizomes qui filent sous les planches de culture ; d'année en année, la menthe s'étale, grignote la place des autres plantes et finit par imposer sa loi là où l'on croyait garder le contrôle.
Une fois que la touffe s'est vraiment installée, beaucoup de jardiniers essaient de reprendre la main en multipliant les tentatives, avec une efficacité très relative :
- arracher les tiges au fur et à mesure, sans réussir à retirer tous les fragments de rhizomes cachés en profondeur ;
- bêcher, retourner la terre ou poser à la hâte quelques dalles, planches ou pierres pour freiner la progression des racines ;
- recouvrir généreusement la zone de paillis ou enfermer un pied sous une cloche en espérant l'épuiser.
Comment profiter de la menthe sans la laisser devenir envahissante
La bonne nouvelle, c'est qu'on peut profiter de la fraîcheur de la menthe sans subir ses débordements, à condition de la contenir dès la plantation. Le moyen le plus fiable reste le pot, qui crée une frontière naturelle pour les racines. Un pot d'au moins 30 cm de profondeur laisse la place aux rhizomes pour se développer tout en les empêchant de filer au-delà du contenant. En choisissant un substrat léger et bien drainé, avec des trous d'évacuation pour éviter l'eau stagnante, on obtient une plante vigoureuse et facile à récolter. Le pot peut rester en surface sur une terrasse, se glisser dans une jardinière de balcon ou même être enterré au ras du sol pour donner l'illusion d'une plantation en pleine terre, tout en gardant les racines sous surveillance.
Pour un jardin déjà gagné par la menthe, la stratégie consiste à limiter progressivement son territoire en arrachant les grosses touffes, puis en installant autour de la zone une vraie barrière anti-rhizomes enterrée sur environ 25 à 30 cm lorsque le sol est très léger. On peut ensuite conserver une petite motte dans un grand pot, posé ou enterré, et réserver le reste du massif à d'autres aromatiques moins expansives. En hiver, un paillage de feuilles mortes autour du pot, complété si besoin par une petite cloche, aide la menthe à garder un feuillage cueillable pour les tisanes et sirops maison. Adopter ces quelques réflexes au moment où le jardin est au repos change tout : la menthe reste à sa place, généreuse mais contenue, et laisse enfin respirer le reste du potager.