Elle disparaît des rayons des supermarchés : pourquoi le prix des sardines en conserve explose cet automne ?

Depuis septembre 2025, les supermarchés français voient les sardines en boîte se raréfier, surtout aux premiers prix. La filière vacille et les prix montent.
sardines rupture de stock

Depuis la rentrée de septembre 2025, une réalité saute aux yeux en faisant ses courses : le rayon poissons en conserve s’est clairsemé et les boîtes de sardines se font rares. Un produit du quotidien, souvent à petit budget, manque à l’appel. En France, plus d’une sardine sur deux ne vient pas de nos côtes mais de l’étranger, surtout du Maroc, et ce sont les premiers prix qui disparaissent d’abord.

Pourquoi maintenant ? Parce que la chaîne d’approvisionnement à bas coût craque : surpêche côté fournisseurs, réchauffement climatique qui affaiblit la ressource, et une dépendance marquée des marques de distributeur. Et pourtant. L’histoire est plus longue qu’un simple trou de stock, et elle commence en mer…

Le Maroc a inondé le marché des sardines en boîte puis réduit ses volumes

En vingt ans, le Maroc a supplanté la Bretagne dans nos rayons, dopé par un coût de main d’œuvre sept à dix fois inférieur à celui de la France et des usines capables d’alimenter massivement l’entrée de gamme. Le succès s’explique aussi par l’appétit des foyers : "les foyers français ont acheté 16 kt [soit 16 000 tonnes] de sardines en conserves pour un prix moyen de 11 €/kg", indique l’Ifremer, relayé par Marie France.

Mais là encore, rien ne s’est passé comme prévu. La pêche s’est intensifiée, la ressource s’est tendue. "La flotte de pêche côtière, en particulier celle spécialisée dans la pêche des sardines, a connu une augmentation considérable", a fait savoir Al Akhbar. Résultat mesurable : selon l’Office national des pêches marocain, les débarquements de sardines sont passés d’environ 950 000 tonnes en 2022 à 525 000 tonnes en 2024, soit près de 46 % de moins en deux ans. Moins de volumes disponibles, et ce sont logiquement les références d’entrée de gamme — souvent importées et vendues sous marques de distributeur — qui décrochent en premier.

Le réchauffement climatique fait chuter la taille des sardines et l’offre

Le climat ajoute une pression durable. En réchauffant l’eau et en bousculant les courants, il perturbe le plancton, la nourriture des sardines. Moins de plancton, des proies plus petites : les sardines grossissent moins vite et se reproduisent moins. Les données récentes sont parlantes : dans l’Atlantique, leur taille moyenne est passée d’environ 17 à 14 centimètres, en Méditerranée de 15 à 11 centimètres, et leur poids moyen a été divisé par deux. Leur durée de vie s’est raccourcie autour de douze mois alors qu’elles pouvaient atteindre jusqu’à dix ans.

En France, le signal d’alerte est aussi visible. Dans le golfe de Gascogne, la population de sardines a été divisée par trois en vingt ans et l’Ifremer classe l’espèce en état “dégradé”. Sur le terrain, la conséquence est concrète : des rayons moins fournis, des prix qui remontent et des références qui disparaissent par vagues. À Marseille, des fabricants traditionnels ont déjà ralenti la cadence, tandis qu’en magasins les boîtes à premiers prix se raréfient. Les professionnels parlent de gestion durable des stocks pour inverser la courbe, sinon la sardine — ce poisson si populaire — pourrait glisser, au fil des saisons, vers un produit plus rare et plus cher.