Houx, gui, sapin… pourquoi ces plantes étaient jugées maléfiques à noël, pour une raison toute simple

Du Moyen Âge au XIXe siècle, gui, houx et sapin ont été tenus à distance des églises et des foyers pendant Noël. Que craignait vraiment l’Église derrière ces plantes de Noël devenues incontournables ?
Houx, gui, sapin… pourquoi ces plantes étaient jugées maléfiques à noël, pour une raison toute simple

À l’approche des fêtes, nos intérieurs se couvrent de branches de houx, de boules de gui et d’un grand sapin illuminé. Ces trois plantes de Noël semblent si naturelles que l’on oublie qu’elles n’ont pas toujours eu droit de cité près de la crèche. Pendant des siècles, leur simple présence a fait naître méfiance et malaise, au point de les faire passer pour presque "maléfiques".

Au Moyen Âge et jusqu’au XIXe siècle, gui, houx et sapin ont souvent été exclus des célébrations officielles de Noël. Des prédicateurs les jugeaient trop ambigus, certains conciles en déconseillaient l’usage près des églises, et l’on préférait les voir rester dehors plutôt qu’au pied de l’autel. Comment ces alliés du décor hivernal avaient-ils pu devenir persona non grata pendant la nuit la plus attendue de l’année ?

Plantes de Noël : un passé plus trouble qu’il n’y paraît

Bien avant le christianisme, le gui, le houx et le sapin occupaient une place centrale dans les fêtes du solstice d’hiver. On suspendait le gui au-dessus des portes pour attirer la chance, on accrochait le houx aux maisons pour tenir les mauvais esprits à distance, tandis que le sapin, toujours vert, célébrait le retour de la lumière au cœur de la saison froide.

Pour les premiers évangélisateurs, cette ancienneté et la force des rituels associés posaient problème. Ces végétaux risquaient de faire revivre des traditions païennes là où l’Église voulait imposer ses propres symboles. Leur succès dans les villages a été vu comme une "concurrence insidieuse" à la Nativité, au point que des interdits et des sanctions ont été prononcés contre ceux qui persistaient à les utiliser à Noël.

Gui, houx, sapin : de symboles sacrés à plantes suspectes

Le gui concentre à lui seul cette ambivalence. Réservé autrefois aux druides, cueilli selon un cérémonial précis, il passait pour un porte-bonheur capable d’apporter paix et prospérité, mais certains récits médiévaux l’accusaient aussi d’attirer les forces occultes. Le houx, avec ses feuilles piquantes et ses baies rouges, servait de bouclier contre les démons de l’hiver, tout en promettant fertilité au potager et protection du verger.

Le sapin aussi portait une charge symbolique jugée envahissante. Chez les peuples germaniques, il figurait au centre de fêtes où l’on fêtait le retour du soleil bien avant la naissance de Jésus. Son statut d’arbre de vie a été perçu comme un rival direct de la crèche. Des sermons mettaient en garde contre ces branches décorées, mais dans les campagnes on continuait à les accrocher près des maisons et des champs.

De plantes bannies à stars de Noël dans nos maisons

Au XIXe siècle, le regard bascule. La société urbaine redécouvre le charme du végétal, les courants romantiques célèbrent la nature, et le foyer bourgeois adopte d’abord le sapin décoré, puis toute la panoplie de branches rouges et vertes. L’Église finit par fermer les yeux sur leurs origines païennes, le sapin devient presque officiel, tandis que le gui s’installe au-dessus des portes pour les baisers du Nouvel An.

Aujourd’hui, ces anciens suspects règnent sur les marchés, aux côtés d’autres plantes de Noël comme le poinsettia rouge, l’hellébore dite rose de Noël, le cactus de Noël, les jacinthes, orchidées, azalées, kalanchoé, plantes vertes ou plantes grasses. Dans les serres, on prépare couronnes et coupes fleuries. Cette profusion n’efface pas tout risque : houx, gui ou poinsettia peuvent se révéler toxiques s’ils sont avalés, surtout pour les enfants et les animaux, d’où l’intérêt de les garder hors de portée et d’appeler un centre antipoison en cas de doute.