Ce village des Alpes a éliminé les voitures : ce qui a suivi a surpris tout le pays et intrigue la France

En plein Tyrol, le village de Serfaus a pris une décision radicale il y a plus de quarante ans : chasser presque toutes les voitures de ses rues. Entre mini-métro souterrain, air plus pur et commerces revigorés, son pari continue d’intriguer bien au-delà des Alpes.
Ce village des Alpes a éliminé les voitures : ce qui a suivi a surpris tout le pays et intrigue la France

À Porcheux, village de l’Oise, un virage envoie régulièrement des voitures dans un champ, sans faire de blessé grave. "C’est la star du village", lâche en riant Cédric Troszczynski, interrogé par le Parisien. Pour en rire, il a lancé sur Facebook une page : "Je suis originaire de Valenciennes, quelqu’un avait une page du même type. J’ai repris l’idée, détaille-t-il en faisant référence à la page Les coincés de Villars. À chaque fois qu’on voit une voiture sortir, je mets une petite photo avec une phrase rigolote." Ailleurs en Europe, un autre village a choisi une réponse plus radicale au tout-voiture.

Perché dans les Alpes autrichiennes, le bourg de Serfaus, au Tyrol, a fait l’inverse : il a décidé il y a plus de quarante ans de devenir un véritable village sans voiture. Dans ses ruelles, moteurs et klaxons ont disparu au profit des voix, des rires et du crissement des bottes dans la neige. Cette métamorphose, qui a surpris jusqu’aux autorités autrichiennes, a changé à la fois l’air, le bruit et l’économie locale.

Serfaus, le jour où le village a dit stop aux voitures

À l’époque, la station de ski voyait affluer plus de visiteurs et Serfaus étouffait : embouteillages, voitures au ralenti, gaz d’échappement dans les ruelles. Le conseil municipal a fini par interdire la circulation dans l’ensemble du village, en gardant seulement l’accès pour les riverains, les services de secours et les transports publics. Des parkings ont été aménagés en lisière, obligeant habitants et touristes à laisser leur véhicule à l’entrée du bourg.

Pour que ce choix fonctionne même en plein hiver, la commune a investi dans un métro souterrain qui longe la rue principale. Creusée au milieu des années 1980, la ligne relie les parkings extérieurs, le centre et les remontées mécaniques grâce à quelques stations enterrées. Ce métro de Serfaus, silencieux, électrique et gratuit, a fait sensation dans le pays : voir un village de montagne se doter d’un tel équipement paraissait alors presque irréel.

Silence retrouvé, air pur et rues rendues aux habitants

Dès les premiers jours sans circulation dense, le changement le plus frappant a été le silence. Habitués au grondement continu des moteurs, les habitants ont redécouvert les voix, le chant des oiseaux, des bruits de village autrefois couverts. Dans le même temps, la qualité de l’air s’est améliorée : la neige reste plus blanche, les taux de particules fines reculent et la faune s’aventure davantage près des maisons.

Cette nouvelle ambiance a transformé les usages. La marche et le vélo dominent, épaulés par le mini-métro qui traverse le village. Les enfants jouent devant chez eux et rejoignent seuls l’école, les parents parlant d’une autonomie autrefois inimaginable. Les anciennes places de stationnement ont laissé la place à des bancs, quelques jardinières, des aires de jeux et des marchés de Noël installés au cœur des rues piétonnes.

Une expérience qui redonne des idées à d’autres villages

Sur le plan économique, le pari a déjoué bien des pronostics. Les commerces de Serfaus, débarrassés du bruit et des gaz d’échappement, attirent une clientèle plus détendue, qui flâne et s’arrête plus facilement. Boutiques, restaurants, marchés et stands de produits locaux ont gagné en fréquentation. Intégré au domaine skiable Serfaus-Fiss-Ladis, le village s’est imposé comme une station familiale où l’on peut passer des vacances sans voiture.

Le succès de Serfaus attire urbanistes, élus et curieux venus d’Autriche et d’ailleurs. Beaucoup cherchent quelles idées reprendre : centre plus piéton, parkings en périphérie, navettes pour relier le tout. Tous n’ont pas les moyens de creuser un métro ni le même afflux touristique, mais l’exemple tyrolien remet la voiture en question. Pendant qu’à Porcheux un virage continue de faire le buzz pour ses sorties de route, Serfaus montre qu’un village peut écrire une histoire différente avec ses rues.