Ce chauffage au bois augmente de 43 % le risque de cancer du poumon chez les femmes : une étude sur 50 000 cas interpelle
Un appareil largement présent dans nos salons serait lié à une hausse du risque de maladie grave. Les femmes sont en première ligne.
Chaque hiver relance la même équation: garder son logement chaud sans faire flamber la facture. En France, nombre de foyers misent sur le chauffage au bois, apprécié pour son côté convivial et son coût jugé maîtrisable. Et pourtant, derrière les flammes qui crépitent, des données sanitaires s’accumulent.
Des chercheurs confirment désormais un lien net entre combustion du bois et cancer du poumon chez les femmes. Avec un chiffre qui surprend, et un seuil d’utilisation qui change tout. La prudence s’impose.
Chauffage au bois et particules fines : ce que disent les données en France
Depuis plusieurs années, les spécialistes alertent sur les particules fines émises par la biomasse. En 2021, un rapport de Santé publique France, relayé à l’époque par la presse nationale, attribuait à ces particules environ 40 000 décès sur le territoire. Une charge invisible, qui pèse sur le cœur, les artères et les poumons.
Le bois qui brûle dans les cheminées et les poêles à bois libère aussi des hydrocarbures aromatiques polycycliques, classés pour leurs effets cancérigènes. Des travaux scientifiques estiment même que les particules issues de la combustion du bois peuvent être plus délétères que celles des vieux moteurs diesel ou essence. Dit autrement, l’air intérieur se dégrade vite quand on alimente le foyer.
Le contexte énergétique de 2025 n’aide pas: entre tarifs du gaz en dents de scie et électricité sous tension, le réflexe bois persiste. Sauf que ce choix n’est pas neutre pour la santé respiratoire. Et cette fois, les chiffres ciblent directement les femmes.
Étude Environment International : 50 000 femmes et un risque en hausse de 43 %
Une vaste enquête publiée dans la revue Environment International a suivi près de 50 000 femmes aux États-Unis, toutes issues de familles où une sœur a eu un cancer. Les participantes ont précisé si leur logement comportait un poêle à bois ou une cheminée, et à quelle fréquence elles les utilisaient. Les dossiers médicaux ont été croisés avec la source de combustible.
Résultat: chez celles qui utilisent régulièrement un chauffage au bois, le risque de développer un cancer du poumon apparaît 43 % plus élevé que chez celles qui n’y ont pas recours. L’étude à été publiée pour éclairer un risque souvent sous-estimé dans les pays où le bois n’est pas la source principale d’énergie domestique. Une mise en garde qui parle aussi aux foyers français, nombreux à alterner entre électricité, gaz et bûches.
"Notre étude prouve que la combustion intérieure de bois, même occasionnelle, dans les poêles et les cheminées, peut contribuer au cancer du poumon dans les populations où la combustion intérieure de bois n'est pas la source de combustible prédominante pour cuisiner ou se chauffer à l'intérieur de la maison", a souligné Suril Mehta, une épidémiologiste qui a participé à cette étude.
- Panel étudié: environ 50 000 femmes ayant une sœur atteinte d’un cancer
- Usage domestique observé: cheminées et poêles à bois
- Risque global associé à l’usage fréquent: +43 % de cancer du poumon
- Polluants clés: particules fines et hydrocarbures aromatiques polycycliques
Plus de 30 jours par an : la fréquence d’utilisation qui fait grimper le danger
L’équipe a aussi regardé le rythme d’allumage des foyers. Quand le poêle ou la cheminée sert plus de 30 jours par an, le risque grimpe encore: +68 % par rapport aux femmes qui ne se chauffent pas au bois. Le message est clair: ce n’est pas qu’une question d’équipement, c’est aussi la fréquence d’utilisation qui pèse sur la balance.
Pourquoi cette exposition touche-t-elle davantage les femmes? Les auteurs avancent des pistes liées aux habitudes domestiques et au temps passé à proximité du foyer allumé. Rien d’affirmatif, mais un faisceau d’indices qui suffit à reconsidérer ses pratiques à la maison. On allume, on aère moins, et l’air intérieur se charge vite.
Dans le contexte français, où les soirées au coin du feu restent un repère d’hiver, l’arbitrage mérite d’être posé. Sans dramatiser, lier confort, budget et santé devient un exercice d’équilibriste. Oui, une bûche qui flambe rassure, mais l’impact sur l’air que l’on respire pèse sur le long terme, notamment en matière de maladies cardio-vasculaires et de cancer du poumon.
 
				