Ce compost de grand-mère au Trichoderma transforme vos déchets verts en bouclier protecteur en 4 semaines, voici la méthode pour 1 m³
Une poignée de poudre, un tas de feuilles, un mois d’attente. Et au jardin, quelque chose change durablement.
Dans un contexte où le jardinage naturel regagne du terrain en 2025, une vieille recette refait surface chez les amateurs de potagers en France. Elle part d’une observation simple: certains tas de compost protègent mieux les cultures que d’autres. Derrière ce constat se cache un acteur discret, bien connu des spécialistes du sol.
Transmise de génération en génération, cette méthode associe les déchets verts et un champignon bénéfique qui colonise le tas pour neutraliser les pathogènes. On parle ici du Trichoderma. Un nom scientifique un peu froid, mais un résultat qui intéresse tout jardinier: des plantes plus résistantes, et un sol vivant. La promesse intrigue.
Trichoderma, ce champignon bénéfique qui dresse un bouclier dans le sol
Le procédé, issu d’observations paysannes en Asie du Sud-Est, consiste à enrichir le compost avec des champignons bénéfiques. Le Trichoderma s’y développe vite, occupe l’espace, concurrence les agents de maladies et stimule l’activité biologique autour des racines. Les jardiniers le voient sur le terrain: les plants semblent moins sensibles aux attaques fongiques et reprennent plus vite après un stress.
En France, le retour à ce geste simple fait écho à une attente forte: produire un compost actif, non seulement nourrissant, mais protecteur. Ce n’est pas un biocide, c’est une présence vivante qui s’installe dans le substrat. Et surtout, elle s’installe sans matériel sophistiqué.
Point clé en 2025: mieux vaut raisonner local. Utilisez de l’eau de pluie, stockez les matériaux à l’abri, et travaillez quand la météo est douce. Vous maximisez l’implantation du champignon dans votre compost sans forcer la main à la nature.
Le pas-à-pas qui convertit vos déchets verts en compost actif en 4 semaines
Pour un mètre cube, la base reste accessible et peu coûteuse. Voici les quantités exactes observées dans la méthode traditionnelle:
- 4 parts de paille ou foin sec (environ 200 litres), la matière carbonée qui structure le tas
- 3 parts de fumier frais (150 litres), cheval, vache ou poule pour la partie azotée
- 500 g de spores de Trichoderma, vendues en jardinerie
- 2 cuillères à soupe de mélasse ou de miel, diluées pour lancer la vie microbienne
- Eau de pluie, non chlorée, pour l’humidification
Alternative économique: mélangez 1 kg de riz non cuit avec une petite quantité de Trichoderma et laissez fermenter 7 jours dans un sac percé. Vous obtenez un inoculum maison facile à répartir.
Les étapes sont précises. Trempez d’abord la paille 24 heures; elle doit être humide mais pas détrempée. Pressez une poignée: 2 à 3 gouttes au maximum. Dans une brouette, mélangez le fumier avec la mélasse diluée dans 2 litres d’eau tiède. L’odeur vire au terreux, signe que la fermentation démarre doucement. Saupoudrez alors les spores de Trichoderma et brassez sans brutaliser le mélange.
Montez le tas en alternant 20 cm de paille humide et 15 cm du mélange fumier-Trichoderma jusqu’à 1 mètre de hauteur. Couvrez d’une bâche trouée ou d’un vieux drap pour garder l’humidité tout en laissant respirer. Surveillez la température: tiède sous la main, autour de 35 à 40 °C. Trop chaud? Ajoutez de la paille sèche. Trop froid? Un peu de fumier frais redonne de l’allant.
Pensez à l’air: percez des trous de ventilation avec un bâton tous les 3 jours. Le nez aide aussi. L’odeur doit rappeler la forêt après la pluie, jamais l’ammoniaque ni le pourri. Après 2 semaines, retournez délicatement le tas, puis faites-le une fois par semaine jusqu’à maturation.
Dosages, astuces et application au potager pour des plantes plus résistantes
Au bout de 4 semaines, la texture change: un terreau brun chocolat, friable, qui ne colle plus aux doigts. Mélangez-le à 20 % dans la terre des massifs, des planches de culture ou des bacs. Pour les semis sensibles, vous pouvez aussi l’utilisez pur sur quelques centimètres en surface, le temps de l’enracinement.
Autre usage simple, le thé de compost. Laissez infuser une poignée de ce compost dans 10 litres d’eau pendant 48 heures, remuez de temps en temps, puis arrosez au pied des plantes les plus fragiles. Vous pouvez cibler les zones sujettes au mildiou ou à l’oïdium, sans détremper.
Le calendrier compte. Dès que la terre se réchauffe au printemps, ou au cœur de l’automne quand l’activité biologique repart, ce compost au Trichoderma s’intègre facilement dans les pratiques du potager. Les retours de terrain pointent une croissance plus régulière et des feuilles moins marquées par les maladies fongiques, y compris lors d’épisodes humides.
Gardez l’œil sur trois leviers. L’aération du tas, l’humidité juste (ni boue, ni poussière), et la régularité du retournement après la deuxième semaine. Ces trois points conditionnent l’implantation du Trichoderma et sa capacité à former ce bouclier protecteur dans le sol. Et si vous manquez de place, travaillez en demi-volume: les mêmes proportions, la même méthode, un suivi identique.
Cette recette artisanale s’inscrit bien dans les pratiques actuelles des jardiniers français: réduire les intrants chimiques, valoriser les déchets verts de la maison et du jardin, et redonner la main à la biodiversité du sol. Rien de spectaculaire en apparence, mais une efficacité qui se mesure sur les récoltes et la santé des plants. Et ce, sans matériel coûteux ni produits exotiques.