Ce décret voté en 2020 laisse un appartement squatté à Malaga et prolonge le calvaire d’une propriétaire en 2025
Chapo. Cinq ans d’attente, des démarches annulées et une dette qui gonfle: l’histoire de Carmen éclaire un vide qui persiste.
En pleine rentrée 2025, le sujet des logements occupés illégalement ressurgit. En cause, un cadre juridique toujours actif en Espagne, pensé pour protéger les foyers précaires, mais qui plonge des propriétaires dans des situations inextricables. Le cas de Carmen, à Malaga, illustre cette tension sans solution rapide.
Son appartement squatté depuis près de cinq ans ne lui a jamais été restitué. Une famille s’y est installée, les procédures se succèdent et la facture grimpe. La question que beaucoup se posent : combien de temps cela peut-il durer encore en 2025 ?
Le décret-loi espagnol qui gèle des expulsions et bouscule les propriétaires
Depuis 2020, un décret-loi espagnol protège les familles classées vulnérables sur les plans économique ou social. Pensée au départ comme une mesure temporaire post-pandémie, cette protection continue en 2025. Concrètement, des expulsions peuvent être suspendues, voire annulées, quand les occupants sont identifiés comme vulnérables par la justice et les services sociaux.
Pour un lecteur français, le constat résonne: le squat est décrit comme plus fréquent qu’on ne l’imagine, et des propriétaires se retrouvent à patienter longtemps avant de revoir leur bien en état. Les délais s’allongent, les décisions tombent tard, et la vie s’organise au jour le jour autour d’un logement devenu inaccessible.
À Malaga, cette réalité s’est installée dans la durée. Carmen a du patienter, multiplier les démarches et assumer l’incertitude d’une issue qui se dérobe, saison après saison.
Cinq ans de démarches à Malaga, une dette qui grimpe et une expulsion à l’arrêt
Tout commence avec une famille composée de deux adultes et de trois enfants qui occupe le logement et coupe rapidement les virements du loyer. Les loyers impayés atteignent aujourd’hui près de 30 000 euros. Pour la propriétaire, chaque mois compte, et la perspective de récupérer l’appartement s’éloigne.
Un passage devant le tribunal devait avoir lieu à 9 h 30 le 20 février 2023. Sauf que l’audience a été annulée à la dernière minute. Depuis, aucune plaidoirie n’a pu se tenir, la suspension restant en place au regard du statut de vulnérabilité conféré aux occupants.
L’ambiance s’est tendue. Selon le récit rapporté, une caméra a été posée devant la porte d’entrée pour dissuader Carmen de venir. Une façon d’installer une forme de pression, et d’empêcher tout contact devant l’appartement.
Pourquoi l’argument de vulnérabilité bloque le juge et ce que la France observe en miroir
Au cœur du dossier, un mot-clé pèse sur toute la procédure : vulnérabilité. Tant que les services sociaux et la justice qualifient la famille d’occupants vulnérables, l’expulsion ne redémarre pas. Ce cadre a été conçu pour éviter de jeter des enfants et des parents à la rue sans solution, mais il crée des effets collatéraux très lourds pour les bailleurs.
Dans ce contexte, Carmen dit avoir reçu une proposition déroutante des services sociaux: déposer plainte contre son ex-mari pour violences conjugales afin d’accélérer le dossier, alors qu’elle affirme que c’était faux. Un signal de la complexité du système, où les sorties de crise deviennent parfois improbables.
En France, le sujet est décrit comme plus courant qu’on ne le croit et des propriétaires se retrouvent à attendre des années. Certes, les règles ne sont pas identiques d’un pays à l’autre, mais la problématique récurrente est la même: des délais, des procédures interrompues et des finances mises à mal.
- Dates et chiffres clés rapportés: près de cinq ans d’occupation, audience prévue le 20 février 2023 finalement annulée, environ 30 000 euros d’impayés.
Pour Carmen, la priorité reste simple: retrouver un bien habitable et soldé de ses dettes. Mais la succession d’audiences avortées, l’installation d’une surveillance à l’entrée et l’allongement du calendrier judiciaire dessinent une attente éprouvante, qui s’éternise en 2025.
Reste que cette histoire raconte aussi des vies fragiles de l’autre côté de la porte. Des enfants scolarisés, des parents qui invoquent la protection sociale, et une ville où le logement se tend. Et pourtant, entre droit au toit et droit de propriété, le point d’équilibre semble introuvable pour l’instant en Espagne comme en France.