Mis à jour le 12 novembre 2025
Le marc de café finit trop souvent au compost ou au fond de la poubelle. Pourtant, la science pointe une autre voie, plus utile au quotidien, loin des tomates et des hortensias.

Le marc de café finit trop souvent au compost ou au fond de la poubelle. Pourtant, la science pointe une autre voie, plus utile au quotidien, loin des tomates et des hortensias.

Chaque matin, des millions de filtres dégoulinants s’empilent dans les cuisines. Ce reste brun et granuleux a longtemps été cantonné aux astuces de grand-mère au jardin. Sauf que des travaux de labo ont changé la donne. Riche en cellulose, lignine et composés phénoliques, le marc offre une structure microporeuse qui adore retenir les molécules malodorantes. À une époque où la qualité de l’air intérieur pèse sur le bien-être, ce matériau gratuit se comporte comme un mini-purificateur. Il cible ce qui agresse le nez: hydrogène sulfuré du poisson, amines des fromages, vapeurs d’ammoniac, un bouquet discret mais tenace dans nos frigos et placards. La meilleure nouvelle, c’est que l’usage le plus pertinent ne demande quasiment aucun matériel. Et c’est redoutablement simple. Une révélation discrète.

Le marc, allié numéro un contre les mauvaises odeurs

On a tous déjà vécu ce moment où un frigo propre sent quand même “le lendemain de raclette”. Le marc, séché puis mis en coupelles, capte ces effluves sans les masquer. Pas de parfum sucré qui se mélange, juste un silence olfactif. Le nez ne ment pas: quand le marc travaille, l’air se fait plus neutre.

Des publications de référence ont éclairé le mécanisme. Transformé en carbone, le marc atteint des surfaces spécifiques dépassant 1 000 m² par gramme, typiques des charbons actifs performants (Bioresource Technology, 2015; Journal of Hazardous Materials, 2019). Ces mêmes études montrent une adsorption efficace de l’hydrogène sulfuré, de l’ammoniac et de certaines amines responsables d’odeurs fortes, à des niveaux comparables aux références du marché. À l’échelle macro, l’Organisation internationale du café estime la production mondiale à plus de 10 millions de tonnes de café vert par an (ICO, 2023): un gisement massif… et sous-exploité.

Pourquoi ça marche si bien? Parce que les molécules odorantes aiment se loger dans les micropores et s’accrocher aux groupes fonctionnels en surface. Le marc, même simplement séché, offre déjà une porosité et une fraction de composés carbonés capables de piéger ces intrus. Comparé au bicarbonate, champion de l’acidobase, le marc joue la carte de l’adsorption physique, plus ciblée sur les volatils organiques. Le marc fait en silence ce que les désodorisants promettent à grand renfort de parfum.

Mode d’emploi à la maison

Récupérer, étaler, sécher. Vider le filtre, émietter le marc sur une plaque, puis le passer 45 à 60 minutes au four à 100–120 °C, porte entrouverte pour évacuer l’humidité. Laisser refroidir, verser dans de petites coupelles ou des sachets en coton, et placer là où ça coince: frigo, bac à poubelle, placard à chaussures, arrière-cuisine. Remplacer quand l’odeur “disparaît” et que la texture devient moins croustillante. Ne jetez plus ce trésor brun: mettez-le au travail dans votre frigo.

Éviter les pièges classiques. Le marc humide moisit vite et attire les moucherons. Le jeter dans l’évier en pensant “nettoyer” finit par colmater les canalisations. Sur les plans poreux clairs, il peut tacher. Placer plutôt le marc dans un contenant respirant. Changer les coupelles toutes les une à deux semaines selon l’intensité des odeurs. Soyons honnêtes : personne ne fait vraiment ça tous les jours. L’idée, c’est une routine simple, pas une corvée.

Envie d’aller plus loin? Des sachets désodorisants à base de marc upcyclé existent, parfois transformés en charbon actif par pyrolyse contrôlée, avec une capacité accrue de capture des gaz (ACS Sustainable Chemistry & Engineering, 2020). C’est idéal pour les chaussures, la litière, les casiers de sport. Pas de chimie hasardeuse à la maison. L’activation “professionnelle” demande des températures élevées et un contrôle que la cuisine ne permet pas. Fin de vie facile: une fois saturé, le marc repart au compost ou en collecte biodéchet.

Et si ce petit geste changeait l’air de nos foyers ?

Ce reste qui salit les filtres devient un outil discret pour reprendre la main sur les odeurs du quotidien. Un bol de marc dans le frigo, un sachet dans la poubelle, un autre près du panier du chat: c’est un trio qui évite d’empiler les sprays parfumés. On parle d’un matériau gratuit, local, renouvelé chaque matin. Ce réflexe crée une boucle courte, où l’on transforme l’inévitable en utile. Le marc ne remplace pas l’aération, il l’accompagne. Il ne masque pas, il capte. Le marc change la donne à l’échelle d’un foyer. Partager cette astuce, c’est offrir un geste simple à quelqu’un. Un geste qui sent bon le café… et plus rien après.

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