Ce retraité de 86 ans a récupéré en 2022 son immeuble après un squat à Saint-Ouen, et la facture d'eau proche de 100 000 € interroge encore

Mis à jour le 21 novembre 2025
Quatre ans de cauchemar, une cave noyée et une ardoise folle. L'histoire d'un propriétaire âgé secoue Saint-Ouen. À l’heure où les budgets se resserrent avant l’hiver, le récit de Selim, 86 ans, rappelle la fragilité de certains propriétaires face aux occupations illégales.

Quatre ans de cauchemar, une cave noyée et une ardoise folle. L'histoire d'un propriétaire âgé secoue Saint-Ouen.

À l’heure où les budgets se resserrent avant l’hiver, le récit de Selim, 86 ans, rappelle la fragilité de certains propriétaires face aux occupations illégales. À Saint-Ouen, son immeuble de deux étages a été transformé en squat pendant plusieurs années, avec des scènes d’insalubrité difficiles à imaginer.

Selon Marie France, la procédure d’expulsion a fini par aboutir à l’été 2022, retardée par la crise sanitaire. Mais la véritable surprise s’est jouée après la reprise des lieux. Et ce détail change tout.

Saint-Ouen, quatre ans de squat et un immeuble méconnaissable

L’affaire démarre en 2018. Selim, ancien commerçant, avait pu acquérir un petit immeuble pour en profiter durant sa retraite. L’occupation illégale s’installe, le bien se dégrade à vive allure, et l’intérieur devient totalement insalubre. Au sol, des matelas éventrés, des tas de déchets, et surtout une odeur persistante, décrite comme nauséabonde par l’entourage.

À 86 ans, Selim se dit démuni et porte plainte pour tenter de récupérer sa propriété. Pendant cette période, il doit aussi s’occuper de son épouse, survivante des camps d’Auschwitz et lourdement handicapée. C’etait son projet de retraite, il l’a vu s’effondrer pièce après pièce.

La procédure s’éternise jusqu’à l’été 2022. Quand il réintègre l’immeuble, le constat est implacable. Les squatteurs, sur le départ, auraient laissé les robinets ouverts durant des mois. La cave est inondée, infestée de rats, l’eau stagnante empêche même les visites techniques. Le résultat : une facture d'eau proche de 100 000 €.

Une ardoise d’eau proche de 100 000 €, des refus d’indemnisation et une vie à rebâtir

Selon le récit rapporté, des agents de Veolia se déplacent pour constater l’étendue des dégâts, mais refusent d’entrer dans la cave tant le niveau d’eau est élevé. Quelques semaines plus tard, Selim reçoit une mise en demeure. La somme due frôle les 100 000 €, alors même que l’immeuble vient à peine d’être repris. L’assureur ne prend pas en charge, le fournisseur non plus. L’horizon se bouche pour ce propriétaire.

Le portrait dressé à l’époque par Le Parisien rappelle le parcours d’un travailleur acharné. Selim débute dans les années 1960 en vendant du vin à la tireuse, puis ouvre un café. En 1977, il s’endette pour acheter ce bâtiment devenu son projet de vie. Aujourd’hui, il ne toucherait que 400 € par mois, et se retrouve face à une impasse financière.

  • 2018, début du squat et plainte déposée
  • Crise sanitaire, procédure d’expulsion ralentie
  • Été 2022, récupération du bien et découverte de la cave inondée

Pour la famille, le choc est double: l’état du bâti et l’ampleur de la dette d’eau. La note qui arrive met en lumière une zone grise bien connue des collectivités et des distributeurs, où les responsabilités se heurtent aux règles de facturation.

Couper l’eau à des squatteurs ? Ce que la loi française autorise vraiment

D’après le fils de Selim, contacté à l’époque du squat, la famille aurait alerté Veolia dès 2018 et demandé une coupure. Le fournisseur refuse. La loi française interdit de couper l’eau dans une résidence principale, y compris lorsque le logement est occupé illégalement. Une règle protectrice des occupants, pensée pour éviter les situations de précarité hydrique, qui peut pourtant placer le propriétaire dans une impasse administrative.

Le risque d’une coupure sauvage n’était pas une option. S’il avait tenté de le faire lui-même, Selim encourait jusqu’à trois ans de prison, selon les éléments rappelés à l’époque. Et pendant que la procédure suivait son cours, les dégâts s’accumulaient. Quand les techniciens se rendent finalement sur place, ils refusent d’entrer dans la cave tant elle regorge d’eau stagnante. Une scène qui illustre la lenteur et l’impuissance ressenties.

À l’automne 2025, alors que les ménages s’inquiètent du coût des charges et des imprévus, cette histoire résonne encore. Elle souligne l’écart entre les textes et la réalité de terrain, surtout quand un immeuble subit des dégradations lourdes. Selim a récupéré son bien, mais doit composer avec une dette colossale, aucun remboursement annoncé et une retraite à 400 € qui ne laisse aucune marge. Il s’est sentit piégé, pris au milieu d’un cadre légal qui protège les usagers d’un côté, et laisse de l’autre un propriétaire âgé face à un chantier humain, sanitaire et financier.