Ce squat au château de Vau en Maine-et-Loire condamne ses nouveaux propriétaires à la caravane, en novembre 2025
Mis à jour le 21 novembre 2025
A Terranjou, un couple achète un château du XVIe siècle. Leur quotidien bascule entre procédures et nuits sous un auvent.
Ils s’appellent Daniel et Catalina. Retraités, passionnés de vieilles pierres, ils pensaient offrir une seconde vie au château de Vau, à Chavagnes-les-Eaux, au cœur du Maine-et-Loire. Leur projet? Restaurer un domaine historique laissé à l’abandon, en faire un lieu vivant, ouvert au village, avec des animations et des rencontres.
Mais l’histoire a pris un virage inattendu. Depuis l’hiver dernier, les anciens propriétaires refusent de quitter les lieux. Malgré des décisions de justice, le couple vit dans une caravane, à quelques mètres d’un porche verrouillé. Une attente qui s’éternise.
Squat au château de Vau : les expulsions qui n’arrêtent rien
En février 2025, Daniel et Catalina deviennent officiellement propriétaires du château de Vau après une adjudication validée par la Cour de cassation. Fin de trois décennies de litiges sur le papier, mais pas sur le terrain. Le domaine, en mauvais état et inhabitable, devait engager des travaux lourds, estimés à près d’un million d’euros. Le plan était simple: quelques semaines sous une caravane, puis une dépendance à réhabiliter pour s’installer pendant le chantier.
Sauf que les anciens occupants, héritiers d’une longue histoire familiale dans ces murs, ont décidé de rester. Ils ont déjà été expulsés plusieurs fois, avant de revenir. Le fils de l’ancienne propriétaire ne cache pas son attachement, ni la réalité crue des lieux: "Ce n'est pas super confortable, mais c'est notre maison", confie-t-il au journal Ouest France.
Le 12 septembre, à l’automne 2025, les forces de l’ordre permettent au couple d’entrer sur le domaine. Le lendemain, tout est à refaire: les anciens occupants se sont réinstallés. Deuxième expulsion, puis troisième. Le verdict tant attendu : impossible à appliquer sur le terrain.
Terranjou sous tension, septembre 2025: ce que le village a vu et entendu
Dans cette commune rurale, l’affaire s’est invitée dans les conversations. Les habitants observent un château fermé, des grilles verrouillées, une caravane stationnée chez un voisin compatissant. Certains racontent ces va-et-vient qui n’en finissent pas, ces cadenas changés, puis forçés, puis changés encore.
Daniel encaisse. Épuisé, il résume le fiasco judiciaire à sa manière: "On paye les pots cassés après trente ans de procédures". Catalina, elle, tente de tenir bon depuis leur campement improvisé. Leur courrier aux autorités? Resté sans réponse. Et la lassitude s’installe, malgrè la bonne volonté des proches.
- Février 2025: acquisition du château validée par la Cour de cassation.
- 12 septembre: accès temporaire au domaine, suivi d’un retour immédiat des anciens occupants.
- Plusieurs expulsions en quelques jours, sans issue durable.
Au fil des semaines, la situation surprend autant qu’elle inquiète. Une riveraine confie sa crainte d’un dérapage: "Il va falloir attendre qu'il y ait un drame pour que quelqu'un réagisse ?", s’interroge-t-elle. Les voisins espéraient des visites, des kermesses, des rassemblements de voitures anciennes. À la place, ils voient un site figé, en apnée.
Daniel et Catalina face à la peur: une caravane pour seule adresse
La fatigue morale se double d’une inquiétude plus concrète. Dans une plainte consultée par Ouest France, Daniel évoque une altercation jugée violente avec l’un des anciens propriétaires. Le climat se durcit, et chacun redoute l’escalade. Le couple a trouvé refuge sur un terrain prêté, à proximité immédiate du portail. Tous les jours, le château se dresse, inaccessible, comme une promesse empêchée.
À l’intérieur, rien ne bouge. À l’extérieur, la vie continue au ralenti. Les cartons restent fermés, le planning de chantier s’effiloche, les devis attendent. Eux rêvaient de redonner au lieu une vocation culturelle, de faire circuler les familles, les promeneurs, les curieux. Pour l’instant, ils regardent, depuis leur auvent, un monument qui raconte l’attente.
Et pourtant, l’ordre juridique, lui, est clair. Mais entre les décisions, l’exécution et les retours répétées des anciens occupants, la mécanique s’enraye. Terranjou s’y habitue sans s’y faire. Dans ce coin de Maine-et-Loire, le mot squat ne désigne plus une scène lointaine mais une réalité qui s’invite au bout du chemin. Le fils de l’ancienne propriétaire, lui, campe sur sa position: "Ce n'est pas super confortable, mais c'est notre maison".
À l’approche de l’hiver 2025, la caravane tient lieu de salon, de cuisine et de point d’ancrage. Le château, derrière ses grilles, reste le symbole d’un décalage qui sidère: des propriétaires reconnus par la justice, mais empêchés d’entrer chez eux. En attendant, Daniel et Catalina gardent le cap, autant qu’ils le peuvent, avec l’espoir que la prochaine porte ouverte sera enfin la bonne.