Ce tabouret que personne ne regardait hier affole les ventes cet automne

Mis à jour le 1 novembre 2025

Hier boudé, aujourd’hui traqué: un siège minimal en bois massif s’invite chez les initiés et fait grimper les prix très vite.

On le voyait naguère filer dans les ventes de succession, presque invisible parmi les lots. En 2025, ce petit siège au profil dépouillé prend sa revanche et s’impose dans les intérieurs les plus regardés. La pièce dont tout le monde parle n’est ni un canapé hors gabarit ni une table spectaculaire, mais un tabouret qui coche toutes les cases de l’époque: authenticité, sobriété, esprit atelier.

Cette montée en puissance ne doit rien au hasard. Le marché vintage a remis en lumière des signatures françaises et un savoir-faire artisanal, pendant que les réseaux affolent l’envie de rareté. Résultat: les coups de marteau s’intensifient et les prix grimpent. Pourquoi maintenant ?

Tabouret S31 de Pierre Chapo: l’objet boudé qui affole les enchères en 2025

Retour en 1974. Le créateur français Pierre Chapo dessine le tabouret S31, un modèle en bois massif aux lignes radicales: trois pieds convergents, une assise légèrement incurvée, des assemblages précis, une finition à l’huile de lin. A l’époque, on lui préfère les matières synthétiques et les volumes ronds. Le S31 reste dans l’ombre, trop simple pour les modes du moment.

Tout bascule avec la vague vintage. La simplicité soignée n’a jamais autant parlé aux amateurs de beaux intérieurs. Entre plateformes spécialisées et ventes physiques, les exemplaires d’époque deviennent difficiles à trouver. Pour un modèle en très bel état, les tarifs franchissent souvent les 4 000 €. En salle de vente, l’ambiance s’électrise: cet automne, plusieurs pièces sont parties à plus de 4 500 € l’unité, de Paris à Marseille, sous l’œil de marchands français et étrangers tout aussi insistants.

Pourquoi un tel engouement ? Parce que tout tient dans l’équilibre rare entre design pur et usage quotidien. Le S31 n’a rien d’un objet figé. Il circule, se déplace facilement d’une chambre à un salon, d’un bureau à une entrée. Et puis, il irradie ce petit supplément d’âme que recherchent les intérieurs français: la matière juste, la patine qui raconte le temps, la présence discrète qui ne surcharge rien.

Les réseaux jouent le rôle d’accélérateur. Un intérieur lumineux sur Instagram, un moodboard sur Pinterest, une vidéo minute sur TikTok: il suffit d’un post bien vu pour déclencher une vague d’achats. La cote s’auto-entretient, d’autant que certains concept stores misent sur des rééditions de saison. Le cercle est bouclé et l’objet devient un signe de goût à ne pas sous-estimé.

Ce que la folie S31 dit de nos intérieurs: authenticité, formats futés et made in France

Dans les appartements haussmanniens comme dans les logements plus contemporains, le S31 répond aux usages de 2025. Les espaces se recomposent au fil de la journée, on bouge le mobilier, on reçoit plus simplement. Un siège compact, stable et beau trouve naturellement sa place. Architectes d’intérieur, décorateurs et collectionneurs en raffolent, souvent pour créer un contraste avec une pièce très contemporaine ou, au contraire, pour renforcer une atmosphère enveloppante.

Cette tendance raconte aussi une envie de pièces signées, durables, ancrées dans une histoire. Le S31 incarne un artisanat français exigeant, un geste précis, et cette sobriété qui laisse respirer la matière. L’intérêt pour le made in France n’est pas seulement patriotique: il rassure sur la qualité et valorise le trajet court entre atelier et salon. En clair, un objet qu’on transmet, pas qu’on pose puis remplace.

Envie d’en prendre l’esprit chez vous, sans forcément partir à la chasse aux enchères ? Trois pistes simples permettent d’installer ce vocabulaire chaleureux et discret à la maison, tout en respectant le budget et l’échelle de vos pièces.

  • Privilégier des formes épurées en bois naturel, même récentes, pour réintroduire un geste artisanal sans alourdir l’espace.
  • Créer une assise d’appoint qui circule: petit tabouret, banc court ou table basse inspirée des années 70, utile du salon à la chambre.
  • Miser sur les matières brutes de saison – lin épais, laine, céramique, verre soufflé – afin de réchauffer visuellement et faire dialoguer les volumes.

Côté marché, les signaux restent au vert à l’approche de l’hiver 2025-2026. Les maisons de ventes installées constatent une demande soutenue et plus informée, nourrie par les salons de design et par des acheteurs qui arrivent avec des références précises. Oui, le S31 coche la case trophée, mais il ne s’arrête pas là: il sert au quotidien, se pose au pied d’une bibliothèque, s’invite autour d’une table dépareillée, accompagne un coin lecture.

Et ce n’est pas une coïncidence si l’on cite aussi la flexibilité. Les intérieurs français, souvent contraints en mètres carrés, ne veulent plus de pièces qui figent la circulation. Le tabouret S31 s’insère partout, sans heurt, en multipliant les usages plutôt que les mètres cubes. D’où cette impression de bon sens et de modernité tranquille, rarement réunies dans un objet si compact.

Ce succès, enfin, met en lumière une envie d’objets à histoire plutôt qu’un simple effet de style. Les prix qui dépassent les 4 500 € ne relèvent pas seulement d’un caprice de collectionneur: ils signalent une confiance retrouvée dans une valeur stable, adossée à une signature, à une date, à une fabrication lisible. Une logique qui parle aux acheteurs français, pragmatiques, attentifs à la qualité autant qu’à l’émotion.