Voici la technique de marcottage que les jardiniers adoptent début novembre pour multiplier les figuiers, et ce détail change tout au printemps
La fenêtre est courte, l’effet long. Début novembre offre au figuier une occasion unique de se dupliquer sans stress.
Partout en France, le retour de la fraîcheur et des jours plus courts calme les plantes et… facilite les travaux discrets au jardin. Le figuier, solide et généreux, se prête alors à une méthode douce, accessible et redoutablement fiable pour obtenir des clones de l’arbre-mère sans casser la tirelire. Elle convient aux débutants comme aux mains expertes et s’inscrit pile au bon moment du calendrier.
Cette méthode, c’est le marcottage, dans sa version au sol ou en hauteur. Elle demande peu d’outils, juste un peu d’observation, quelques gestes précis et de la patience. Et au bout du chemin, un jeune plant fidèle à l’original. La suite va intéresser les amateurs de confitures maison.
Début novembre, le timing qui booste l’enracinement du figuier
Au tout début de novembre, la sève redescend vers les racines. Le figuier entre dans une phase de repos relatif, moins sensible aux interventions. C’est exactement ce qui favorise la mise en place de nouvelles radicelles sans bousculer la plante. Jardinierement, on parle d’un moment calme où l’on prépare le printemps plutôt que de forcer la croissance.
Le gros avantage du marcottage tient dans sa logique: la branche reste reliée à l’arbre-mère le temps de fabriquer ses propres racines. On obtient des plants identiques au pied d’origine, homogènes en fruits comme en vigueur. Pour un verger familial, ça assure.
Marcottage au sol, le geste simple qui change tout
Le marcottage au sol convient aux figuiers aux branches basses, souples et faciles à courber. Choisissez une branche saine d’environ 50 cm, déjà un peu lignifiée. Près du point de contact avec la terre, réalisez une très légère entaille et grattez l’écorce sur quelques centimètres pour stimuler l’émission de racines. Rien de brutal, juste une micro-blessure bien nette.
Creusez un logement d’une dizaine de centimètres, plaquez la branche avec une pierre, un piquet ou un crochet en fil de fer, recouvrez d’un mélange léger de terre et compost, puis tassez. Arrosez pour humidifier, sans détremper. Et ensuite, on laisse faire la biologie. En cas de sécheresse, un petit arrosage de soutien suffit. Et oui, il faut accepter que le processus prenne plusieurs mois.
Au printemps, regardez sous la motte: si un chevelu de racines s’est formé, coupez proprement entre le pied-mère et la zone enracinée. Replantez aussitôt en plein soleil, dans un sol bien drainé, et gardez un arrosage régulier au départ. Le jeune plant s’installe vite quand les conditions sont réunies.
Marcottage aérien quand les branches sont trop hautes
Le marcottage aérien s’impose si les branches basses manquent ou se plient mal. Il consiste à créer une poche de substrat autour d’une section écorcée de la branche, sans contact avec le sol. Choisissez une branche vigoureuse d’au moins 1 cm de diamètre, à 20 à 30 cm de l’extrémité. Retirez un anneau d’écorce de 1 à 2 cm de large, proprement, sans entamer le bois.
Badigeonnez éventuellement la zone avec de l’hormone de bouturage, puis emballez-la dans de la sphaigne humide ou un terreau très léger. Enfermez le tout dans un plastique transparent bien fermé au scotch, pour garder l’humidité et surveiller l’avancée des racines. Et là, le maître mot reste la régularité: on vérifie souvent, on réhumidifie au vaporisateur si besoin.
Quand les racines occupent franchement la poche, généralement au printemps, sectionnez sous la zone enracinée, enlevez délicatement l’emballage, et plantez en place, au soleil, dans une terre qui draine. Les premières semaines, un arrosage suivi ancre la reprise. D’ailleurs, c’est souvent à ce moment qu’on mesure le bénéfice du plastique transparent: on voyait tout, sans rien déranger.
Le bon moment pour séparer, où replanter, et les petits plus qui sécurisent la reprise
Qu’il soit au sol ou en hauteur, le marcottage réclame du temps. Séparez au printemps lorsque les racines sont bien visibles et réparties, pas avant. Replantez immédiatement, sans laisser sécher la motte. Dans les régions sujettes aux gelées marquées, un paillis autour du collet limite les à-coups de froid. Et si une période sèche pointe son nez l’ete, pensez à l’arrosage de soutien.
- Pour un jardin accessible avec branches basses, le marcottage au sol reste le plus simple et demande peu de suivi.
- Avec un houppier haut ou peu flexible, le marcottage aérien offre une vraie alternative, un peu plus technique mais très contrôlable.
- Terreau léger, sphaigne humide et couteau propre font l’affaire, inutile d’équipement coûteux.
- Protégez les jeunes plants avec un paillis en régions froides et arrosez modérément les premières semaines.
L’objectif de cette démarche : obtenir un jeune figuier fidèle au pied-mère avec un taux de reprise élevé. Et pourtant, un détail fait souvent la différence: ne pas se précipiter pour couper. Attendre la bonne densité de racines, c’est garantir un redémarrage sans hésitations. Après, les gestes restent simples, et la récompense se lit dans les premières feuilles bien tendues du mois de mai.
Dernier repère utile pour finir en beauté: une entaille soignée, un substrat qui reste humide, et un emplacement final en plein soleil. Sauf que le drainage ne se négocie pas, surtout pour les jeunes sujets. Avec tout ça, votre verger gagne en homogénéité, et vos figuiers clonés s’alignent sur la générosité de l’arbre d’origine.