Voici pourquoi le niveau de vie des Français ne progresse plus en 2025, selon l’Insee et Antoine Fouquet
Mis à jour le 11 novembre 2025Depuis quinze ans, un mécanisme discret grignote nos budgets. Les chiffres officiels confirment ce que beaucoup ressentent.
En cette fin 2025, nombreux sont les ménages qui scrutent leurs relevés avec une même impression: malgré les efforts, rien ne bouge vraiment. Courses, énergie, logement… les dépenses s’empilent, et la sensation de faire du surplace s’installe. L’économie tourne, les innovations affluent, mais le quotidien, lui, résiste.
Ce n’est pas seulement une humeur du moment. Des données relayées par des médias nationaux et un travail mené par Antoine Fouquet, président du cabinet de conseil Quintet, l’attestent. Les mots sont forts, les chiffres aussi. Et l’explication surprend.
Le gel du niveau de vie depuis 15 ans, ce que disent l’Insee et Antoine Fouquet
La photographie est brutale pour qui espérait une progression continue. "On ne s'appauvrit pas. Mais pour la première fois depuis 1945, en 15 ans, le niveau de vie des Français n'a pas augmenté. D'où le sentiment d'appauvrissement", a déclaré Antoine Fouquet à LCI. Cela pose un cadre clair: la promesse d’ascension au fil des années n’est plus automatique.
Cette réalité s’inscrit dans une tendance confirmée par l’Insee. Selon l’institut, "Chaque génération a vécu mieux que la précédente grâce à son travail, sauf celle-là". La vraie question est simple : pourquoi l'amélioration promise ne se voit plus sur nos comptes en banque.
Antoine Fouquet pousse même le constat plus loin avec une phrase qui bouscule une idée bien ancrée: "Pour la première fois depuis 1945, travailler ne permet plus d'améliorer son niveau de vie". Une phrase sèche, qui rejoint ce que ressentent de nombreux actifs, toutes branches confondues.
Inflation, dépenses contraintes, logement: pourquoi le quotidien coûte plus cher
La première explication tient à l’inflation, revenue s’installer dans le panier de chaque foyer. Avant les années 2000, l’addition du quotidien paraissait plus légère. On vivait avec moins d’outils numériques, moins d’équipement, moins d’abonnements. Aujourd’hui, le socle des dépenses s’est élargi et, surtout, renchérit. Et pourtant… les habitudes n’ont pas tant flambé.
D’un côté, l’électronique et les services connectés sont devenus quasi indispensables. De l’autre, les produits essentiels se paient plus cher. Les postes évoqués par les analyses sont clairs: denrées, énergie, transport individuel, toit au-dessus de la tête. Résultat, beaucoup peinent à dégager une marge.
- Denrées alimentaires, énergie, électricité, gaz, essence, loyers: les hausses s’additionnent et rognent le budget disponible.
L’accès à la propriété s’éloigne aussi pour une partie des ménages, pris en étau entre prix élevés et conditions d’emprunt plus exigeantes. Quand la base fixe grimpe, le reste à vivre stagne. Et ça a coute plus cher de tenir le même niveau de confort qu’hier. Dans ce climat, la moindre hausse de facture pèse sur l’épargne, donc sur la capacité à investir ou à se projeter.
Salaires, charges et carrières: le frein méconnu qui bloque l’enrichissement
Les salaires montent, mais trop lentement face au rythme des prix. Les revalorisations existent, les grilles évoluent, mais la courbe reste timide. Faute d’écart suffisant, les ménages ne voient pas de réelle respiration. Et les parcours professionnels ne débouchent pas tous sur des sauts de rémunération. Certains métiers restent à la traîne.
Antoine Fouquet met aussi en lumière l’écart croissant entre brut et net. "Aujourd'hui, vous gardez 54 euros quand vous en gagnez 100. Il y a 30 ans, vous en gardiez 60. Il y a 50 ans, vous en gardiez 69". Ce rappel met un chiffre sur une sensation: le différentiel s’élargit et grignote la paie finale.
Les charges et les taxes pèsent plus lourd, ce qui amenuise la progression des salaires perçus. Le salaire net ne suit pas la courbe des dépenses contraintes. Du coup, l’ascenseur social cale, malgré l’activité et l’effort individuel. Pas toutes les professions n’ont accès aux mêmes perspectives d’évolution, ce qui nourrit l’écart entre attentes et réalité.
Au fond, tout se tient: la stagnation du niveau de vie résulte d’un faisceau de facteurs qui s’additionnent. Quand les prix accrochent, que les carrières n’offrent pas de marche suivante à court terme et que la part conservée de la paie diminue, la progression personnelle s’éteint. Et le moral suit la même pente.
Reste une question que l’on se pose tous en cette fin d’année 2025: à quand le déclic qui rendra enfin cette hausse du niveau de vie visible sur le quotidien des foyers.