Compost en hiver : cette habitude de jardinage que vous croyez utile l'empêche de travailler tout l'hiver
Quand les gelées arrivent, beaucoup de jardiniers culpabilisent en voyant leur tas de compost figé au fond du jardin. Faudrait-il sortir la fourche, brasser, réchauffer, sous peine de perdre des mois de décomposition ? La routine de l'été - retourner souvent - semble soudain inadaptée, sans que l'on sache vraiment quoi faire.
En hiver, le compost ne s'arrête pas de vivre, il travaille seulement au ralenti. Bactéries, champignons et vers supportent mal les températures proches de 0 °C : la transformation des déchets peut alors prendre deux à trois fois plus de temps qu'en été. D'où la question qui inquiète beaucoup de jardins français : peut-il vraiment traverser la saison sans être retourné ?
Compost en hiver : ce que le froid change vraiment
Un tas de compost en hiver fonctionne comme un énorme radiateur naturel. Les micro-organismes produisent de la chaleur en décomposant les matières, ce qui garde le coeur du tas plus chaud que l'air ambiant. Sous les 5 °C, leur activité baisse fortement, mais elle ne disparaît pas : tout continue, simplement beaucoup plus lentement, souvent deux à trois fois plus lentement qu'en pleine saison.
Retourner son compost en plein froid casse cet équilibre thermique. À chaque ouverture, la chaleur accumulée s'échappe et le tas se rapproche de la température extérieure. Dans un petit composteur urbain, l'effet est encore plus net : quelques coups de fourche suffisent à refroidir le coeur et à mettre les micro-organismes presque à l'arrêt, alors qu'ils auraient pu poursuivre discrètement leur travail.
Faut-il vraiment retourner son compost en hiver ?
Dans un jardin bien géré, la réponse est souvent non : votre tas peut très bien passer tout l'hiver sans être entièrement brassé. Tant que la structure reste aérée et que l'humidité rappelle une éponge essorée, le compost se trouve simplement en pause. La surface peut geler et durcir, alors que le coeur reste vivant et prêt à redémarrer.
- Compost sain : odeur de terre, texture fibreuse, aucune trace de jus.
- Compost simplement ralenti : surface de compost gelé, coeur encore légèrement tiède au toucher.
- Compost à problème : odeur forte, matière pâteuse et collante, présence de flaques.
Si vous retrouvez le troisième cas, il faut réagir, sans pour autant retourner tout le tas. Profitez d'une journée sans gel pour aérer seulement les zones compactes avec une fourche, en les soulevant légèrement. Ajoutez une bonne couche de matières brunes sèches - feuilles mortes, paille, carton - qui absorberont l'excès d'eau et redonneront de la structure.
Les bons gestes pour un compost d’hiver sans retournement
Pour aider le tas à tenir tout l'hiver sans grand remue-ménage, l'important reste l'isolation. Recouvrez le dessus avec une épaisse couche de feuilles mortes ou de paille, posez du carton sec, et protégez l'ensemble avec une bâche ou un couvercle respirant. Placez le composteur dans un coin ensoleillé, à l'abri du vent et des pluies battantes.
Les apports suivent la même logique douce : privilégiez deux tiers de matières brunes pour un tiers de matières vertes, évitez les grosses quantités d'épluchures très humides, fractionnez-les. Un peu de marc de café ou de restes hachés nourrit les micro-organismes. Au redoux de février-mars, vous pourrez enfin retourner vraiment le tas pour relancer la décomposition.