Eurovision 2024 : Nemo retire ce trophée de son étagère, ce geste radical contre Israël fait trembler le concours
Une étagère semble souvent n’être qu’une planche vissée au mur, faite pour accumuler souvenirs, trophées, petits objets oubliés. On la remplit sans trop y penser, jusqu’au jour où l’un de ces objets commence à déranger le regard. Quand il ne raconte plus l’histoire que l’on veut afficher dans son salon, il finit par peser bien plus lourd que son matériau.
Dans bien des foyers, c’est un vieux moulin à café en bois qui occupe cette place, vestige d’une autre époque. Longtemps relégué au fond d’un placard, ce petit objet du quotidien est redevenu convoité : un modèle signé Peugeot en bon état peut se vendre entre 80 et 200 euros, certains dépassant même les 300 euros, transformant une simple étagère en vitrine de trésors inattendus. Pour un artiste suisse, le déclic est venu en regardant un tout autre objet.
Nemo, un trophée Eurovision qui dérange sur l’étagère
L’artiste suisse Nemo, 26 ans, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé le jeudi 11 décembre qu’iel rendait son trophée Eurovision 2024 à l’Union européenne de Radio-Télévision. Sur Instagram, iel affirme : "En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré Nemo dans une vidéo postée sur Instagram, citée par RTL. Ce geste vise à protester contre le maintien de la participation d’Israël au concours, alors même que l’évènement fait déjà l’objet d’un boycott par cinq pays.
Nemo rappelle avoir déjà rejoint les appels demandant l’exclusion d’Israël du concours présenté comme le plus grand événement musical télévisé en direct au monde. Iel insiste sur l’écart ressenti entre le discours officiel et la décision de maintenir Israël : "L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré l’artiste, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré. "Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo.
Israël, boycott et trophée renvoyé à l’UER
Au moment où Nemo prend sa décision, la présence d’Israël à l’Eurovision 2026 à Vienne alimente déjà les tensions politiques autour du concours. Une commission d’enquête internationale indépendante mandatée par l’ONU a conclu à un génocide dans la bande de Gaza, contexte au cœur des critiques formulées par l’artiste. Cinq pays ont annoncé boycotter la compétition, et la télévision publique islandaise RUV est devenue, un mercredi de décembre, le cinquième diffuseur à renoncer à participer à la prochaine édition organisée à Vienne.
Pour Nemo, le renvoi du trophée complète ce mouvement de retrait. Iel résume son message en le liant directement aux défections nationales : "Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boîte. Ce trophée quitte l’étagère de l’artiste pour rejoindre le siège de l’UER à Genève.
Ce que nos étagères racontent, des moulins à café aux trophées
Entre le moulin à café manuel, objet familier devenu pièce recherchée par les brocanteurs, et le trophée Eurovision rendu par Nemo, la même scène se joue : une étagère où chaque objet expose une histoire, une mémoire, parfois une prise de position que l’on préfère rendre visible ou non.