Bois de chauffage : ce faux site livraisondebois.com et des promos à -52 % piègent les ménages, la DGCCRF épingle 185 acteurs
Des sites lisses, des prix imbattables, des livraisons fantômes. Un piège qui revient chaque automne et vide les comptes trop vite.
À l’automne 2025, alors que les foyers cherchent à sécuriser leurs stocks de bois de chauffage, une vieille mécanique repart à plein régime. Des plateformes en ligne, soignées et rassurantes, promettent des tarifs cassés et une expédition rapide. En face, des acheteurs pressés, frigorifiés par l’idée d’un hiver sans réserve.
Sur le terrain, les escrocs se montrent plus organisés. Logos de confiance, mentions légales bien ficelées, promotions spectaculaires à -52 %… Tout y est. L’internaute valide. Puis attend. Le bois n’arrive pas. Le vendeur ne répond plus. L’arnaque, elle, laisse des familles avec plusieurs centaines d’euros envolés. Et une amère impression.
Faux sites et promos trop belles : ce piège au bois de chauffage revient en force
Le scénario se répète. Un site propose des bûches à prix bradés, affiche une FAQ détaillée, des photos impeccables et, parfois, le logo de Que Choisir. De quoi inspirer confiance en trois clics. Sauf que la transaction se finit souvent par un silence radio, sans livraison ni remboursement.
Le cas de Livraisondebois.com, désormais désactivé, en dit long. La plateforme avait repris tous les codes d’une boutique crédible pour se glisser dans le marché français. Elle se présentait comme l’entité SF Bois de Chauffage, gérée par Stéphane Frotey, un professionnel bien réel. "C’est bien simple : je n’ai plus de site Internet professionnel depuis 4 ans", déclare Stéphane Frotey. "Ma clientèle est composée essentiellement de grossistes qui me connaissent et me commandent du bois par téléphone".
Et pourtant… l’arnaque s’est étendue bien au-delà d’un simple nom de domaine. Selon l’artisan, les auteurs ont multiplié les clones, rejoué les mêmes textes, et utilisé des visuels très convaincants. Le piège fonctionne sur l’urgence et la confiance, deux ressorts qui, en période de froid, font souvent tomber les défenses.
SF Bois de Chauffage usurpé : l’avalanche d’appels et les domaines déposés aux États-Unis et aux Pays-Bas
Depuis la mi-septembre, le téléphone de l’artisan n’a cessé de sonner. "Depuis, je reçois 7 ou 8 appels de ce type par jour, encore aujourd’hui", affirme Stéphane Frotey. Face au préjudice subi par les particuliers comme par son entreprise, il a déposé plainte le 25 septembre. Une étape nécessaire pour documenter l’ampleur du phénomène.
En creusant, il découvre l’infrastructure des escrocs. Les noms de domaine ont été déposés à l’étranger, notamment aux États-Unis et aux Pays-Bas. Quand un site disparaît, un autre revient avec une orthographe proche. Et la fraude s’invite sur les plateformes du quotidien : Leboncoin, Facebook Marketplace, WhatsApp, Telegram. Même recette, même promesse, même issue.
La stratégie, aujourd’hui, déborde les simples vitrines web. Les annonces circulent en boucle sur les réseaux, appuyées par des prix agressifs et des photos soignées. Les acheteurs paient, confiants. Le vendeur, ensuite, devient injoignable. Une mécanique bien huilée, qui cible directement les besoins de l’hiver.
Ce réflexe méconnu qui évite l’arnaque : ce que montre la DGCCRF et les outils à utiliser avant de payer
La méfiance ne suffit pas toujours. Une large enquête menée par la DGCCRF sur 185 acteurs du secteur a mis au jour des irrégularités diverses : prix peu transparents, essences mal identifiées, taux d’humidité fantaisistes, clauses abusives dans les contrats. Un signal pour les acheteurs comme pour les vendeurs.
Alors, comment sécuriser ses achats sans renoncer au confort d’une commande en ligne ? Des outils existent et ils offrent un premier filtre. Trustpilot, ScamDoc ou ScamAdviser donnent un aperçu de la réputation d’un site. Google Safe Browsing peut alerter sur les plateformes suspectes. Le meilleur test, pourtant, reste humain.
Stéphane Frotey résume une méthode simple et efficace : "N’achetez votre bois qu’auprès d’acteurs locaux et ne finalisez la commande qu’après avoir réussi à les joindre par téléphone". Un conseil de terrain, applicable à chaque achat, surtout quand l’offre paraît trop belle.
- Avant de payer, vérifiez la réputation du site avec Trustpilot, ScamDoc ou ScamAdviser, puis appelez le vendeur pour confirmer son identité et son stock.
Un dernier point change tout au moment de sortir la carte : adresse physique vérifiable, SIREN, mentions légales cohérentes, moyens de paiement traçables. Si un doute persiste, mieux vaut passer par un acteur local identifié, quitte à payer un peu plus. Vous pouvez appeler le vendeur avant de finaliser pour éviter d’être prit au dépourvu.
Car l’hiver, l’urgence pousse à cliquer vite. Les escrocs le savent, et ils s’adaptent. Aux acheteurs d’opposer, à chaque commande, un réflexe simple et pragmatique.