Voici pourquoi les poches des jeans des femmes sont 48% moins profondes que celles des hommes

Votre téléphone qui dépasse de la poche de votre jean, vous voyez la scène. Rien d’anecdotique pourtant. En 2018, le média américain The Pudding a mesuré 80 jeans, 40 modèles pour femmes et 40 pour hommes, pour comprendre d’où vient ce décalage bien réel entre poches féminines et masculines. Et là, les chiffres parlent d’eux‑mêmes.
À coupe équivalente, les poches avant des jeans pour femmes sont 48 % moins profondes et 6,5 % plus étroites que celles des hommes. Résultat, seules 40 % des poches féminines peuvent accueillir un smartphone. De quoi se demander comment on en est arrivé là, et surtout pourquoi cela dure encore aujourd’hui.
Les poches des jeans femmes sont plus petites que celles des hommes
Dans les relevés relayés par plusieurs médias, l’écart est net. Les poches des jeans féminins sont décrites comme moitié moins grandes que celles des modèles masculins, avec un avantage qui se réduit un peu à l’arrière mais reste présent. Et quand il s’agit d’usage concret, moins de la moitié des poches avant côté femmes peuvent loger un porte‑monnaie.
Autre détail qui change tout : dans seulement 10 % des cas, on peut y glisser une main féminine, quand c’est possible dans la quasi‑totalité des jeans pour hommes. On parle bien d’un vêtement du quotidien, pas d’une tenue de gala. Et pourtant.
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L’histoire du vêtement féminin explique ces petites poches
Au Moyen Âge, les poches existent déjà et sont unisexes. Ce sont des "poches besaces", grandes, détachables, nouées à la taille. Le tournant arrive à la Révolution industrielle au XVIIIe siècle : les poches sont cousues dans les vêtements masculins, tandis que pour les femmes, jugées sans besoin d’outils ni d’argent, la fonctionnalité recule au profit de la silhouette. Il faut dire que la mode de l’époque privilégie les lignes lisses, sans volume supplémentaire sur les hanches.
Au XXe siècle, les suffragettes britanniques s’affichent en tailleurs blancs avec poches visibles, un geste symbolique qui s’installe lentement. Dans les années 1950, les poches font leur retour dans le vestiaire féminin, mais en version réduite, plus décorative que pratique. La formule est restée célèbre : "Les hommes ont des poches pour garder les choses, les femmes pour la décoration", a déclaré Christian Dior, selon RTL.
La mode et le commerce entretiennent ces poches mini
Dans l’histoire du vêtement, la poche intérieure est longtemps restée associée au porte‑monnaie. À l’époque où beaucoup de femmes ne perçoivent pas de salaire, on estime qu’elles ne s’en serviront pas, quand les hommes, eux, en ont besoin. D’un autre côté, l’obsession de la coupe qui "affine" a souvent poussé les marques à réduire la profondeur et la largeur, au risque de sacrifier l’usage.
Et puis, faute de poches, les femmes ont adopté le sac à main comme solution. Une habitude qui a aussi servi une logique commerciale très simple : si tout rentre dans les poches, pourquoi acheter un sac. Dans une chronique ayant popularisé ce lien entre autonomie et poches, des écarts de rémunération sont rappelés, avec des salaires moyens évoqués de 2 438 euros nets pour les hommes contre 1 986 euros nets pour les femmes. Un contraste saisissant qui alimente le débat, et qui explique pourquoi ce sujet, en apparence léger, revient si souvent sur la table.