Si une personne parle beaucoup d’elle-même, voici ce que cela révèle sur son ego selon la psychologie
À table, au bureau, sur WhatsApp, certains monopolisent l’échange à coups de “moi”. Flatteur pour l’ego ou signe d’un manque, ce réflexe intrigue. Que dit-il vraiment, et comment l’entendre sans juger trop vite ?
Dans un monde saturé de prises de parole, une question revient sur toutes les lèvres : si une personne parle beaucoup d’elle-même, voici ce que cela révèle sur son ego selon la psychologie. L’ego fascine, car il touche à l’identité et au besoin d’exister aux yeux des autres. Entre storytelling perso, quête de validation et envie de créer du lien, les frontières bougent selon les contextes, les cultures, le moment de la journée. La psychologie invite à lire ces signaux avec nuance, sans confondre mégalomanie et simple auto-centrage passager. Certaines fois, c’est de l’aplomb. D’autres, une fragilité qui se cache. Et si l’ego n’était pas le vrai coupable ?
Ce que dit vraiment ce trop-plein de “moi”
Scène connue : un collègue enchaîne les anecdotes perso, ne laisse aucun silence, rebondit sur chaque détail… et tout tourne à nouveau autour de lui. L’envie est de penser “gros ego”, pourtant **le vrai signal, c’est l’absence de réciprocité**. Quand l’autre n’invite pas à répondre, coupe les transitions ou ignore les tentatives de recentrage, on observe moins de l’assurance que de l’auto-focalisation. L’ego fort parle souvent fort, mais il sait aussi écouter. L’ego fragile parle fort pour ne pas s’effondrer. À l’oreille, la différence se joue dans la place laissée à l’autre.
Les chiffres bousculent les idées reçues. Des travaux de Harvard ont montré que parler de soi active le circuit de la récompense dans le cerveau, au point que les participants préféraient parfois cela à une petite somme d’argent (Tamir & Mitchell, PNAS, 2012). On estime que 30 à 40 % des conversations quotidiennes portent sur soi, et que cette part grimpe encore sur les réseaux. Autrement dit, l’auto-discours est la norme plus que l’exception. Ce qui déraille, c’est moins le sujet “moi” que le monopole et le manque d’échange.
Sur le fond, trois profils se mélangent souvent. L’ego grandiose cherche l’admiration et enchaîne les récits de réussite pour contrôler l’image. L’ego vulnérable parle de soi pour se rassurer, combler un doute, éviter le silence qui angoisse. Il existe aussi l’auto-focalisation sans ego gonflé, liée au stress, à la fatigue, à un contexte hyper compétitif. Dans les trois cas, **le besoin de validation** fait tourner la conversation autour du même centre. L’indice déterminant reste la capacité à revenir vers “nous”.
Rééquilibrer la conversation, concrètement
Une méthode simple en trois temps fonctionne bien : valider, relier, rediriger. D’abord, une phrase miroir courte reconnaît le vécu (“Tu reviens de loin, ça compte pour toi”). Ensuite, un pont vers l’autre ou le groupe relance l’échange (“et nous, où on en est de X ?”). Enfin, une question ouverte mais cadrée déplace le focus (“qu’est-ce que tu retiens pour la suite, en deux idées ?”). Nommer la règle avant un rendez-vous aide aussi à **poser un cadre** clair : deux minutes chacun, puis synthèse commune. L’air circule, la relation respire.
Erreur fréquente : coller une étiquette. Dire “tu es narcissique” ferme toute porte. Mieux vaut pointer le format, jamais la personne (“on a besoin d’un tour de table”). Eviter aussi la coupure sèche, qui humilie et enclenche la défense. Préférer le geste qui sauve la face : reformuler, proposer un temps, puis redistribuer la parole. Soyons honnêtes : personne ne fait vraiment ça tous les jours. Les jours lourds, chacun peut déborder. L’empathie ferme moins de conversations qu’elle n’en ouvre.
Dernière pièce du puzzle, trop souvent oubliée : s’observer soi-même. Un “compteur de questions” mental change tout, avec un objectif simple, deux questions pour une anecdote personnelle. Parler de soi n’est pas un crime, c’est un besoin humain. Quand le flux déborde, ritualiser une “décharge” hors interaction aide beaucoup : note vocale, journal rapide, message à un proche volontaire. En réunion, un tour chronométré évite la loterie. Et si la relation est déséquilibrée depuis longtemps, proposer un cadre récurrent (points courts, ordre du jour) protège l’énergie sans rompre le lien.
Et si cette logorrhée disait autre chose ?
On a tous déjà vécu ce moment où le récit de l’autre devient un tunnel, et l’envie d’appuyer sur “mute” chatouille les doigts. Derrière, il y a parfois la quête d’être vu, parfois la peur du vide, parfois juste une habitude prise dans une culture qui récompense l’auto-promo. Le langage révèle nos besoins plus que nos mérites. Entendre “moi” sans se perdre, c’est repérer le geste manquant : une question, un silence, un passage à “nous”. Le miroir tendu avec tact change souvent la dynamique. Là où l’ego réclame des projecteurs, la relation réclame du rythme. La prochaine fois, tester une validation brève, un pont, puis une redirection, et voir ce qui se passe. Parfois, la personne saisit la main. Parfois, non. Dans les deux cas, la conversation reprend sa juste place, moins crispée, plus vivante.