Voici l'arnaque au bois de chauffage en automne : prix cassés, virements perdus, livraison fantôme

Avec le froid qui approche et les budgets serrés, des promesses trop belles se multiplient aux quatre coins du web.

Des sites fraîchement créés, des annonces lisses et des paiements demandés en urgence piègent des foyers chaque semaine. Les escrocs usurpent parfois l’identité d’artisans connus, brouillent leurs traces à l’étranger et relancent aussitôt sous un autre nom.

Comment la manœuvre se déploie en ligne

La vitrine paraît impeccable. Logos de qualité, labels affichés, promotions massives, FAQ bien rédigée et livraison annoncée sous quelques jours. Le panier est simple, le contact rassurant. Puis le paiement est réclamé par virement. Ensuite, silence radio.

Ce montage utilise souvent l’emprunt d’une identité réelle pour crédibiliser l’offre. Un nom d’artisan local, une adresse copiée, des photos génériques. Les domaines sont enregistrés à l’étranger, l’hébergement change vite, le site s’évanouit dès que les plaintes s’accumulent.

Même scénario à répétition : boutique éphémère, virement, numéro muet, fermeture, réapparition sous un nom voisin.

Automne, rareté et précipitation

La hausse de la demande avant les premières gelées crée un effet d’urgence. Le bois rassure car tangible et perçu comme local. Les fraudeurs jouent sur le besoin de remplir le bûcher vite et pas cher. La vérification passe au second plan, l’achat se conclut au pire moment.

Acheter sans risque : sept gestes qui protègent un achat

• Identifier l’entreprise : raison sociale, SIREN/SIRET, adresse vérifiable, ligne téléphonique qui répond.
• Appeler avant de payer : demander l’essence, l’humidité, le délai, et exiger l’envoi d’un devis et d’une facture.
• Observer le site : mentions légales complètes, CGV précises, TVA affichée, politique de retours lisible.
• Tester la réputation : confronter plusieurs sources (avis, forums, outils d’évaluation de confiance).
• Vérifier le domaine : date de création, propriétaire, historique d’archives, cohérence du numéro de téléphone.
• Refuser l’IBAN étranger pour une société dite “française” et éviter le virement immédiat.
• Comparer les prix locaux : un tarif divisé par deux en pleine saison annonce souvent une absence de livraison.

Un vendeur solide décroche, explique l’origine du bois, envoie une facture et accepte un paiement traçable.

Ce que disent les contrôles de la DGCCRF

Des contrôles menés auprès d’acteurs du bois de chauffage ont mis en évidence des présentations trompeuses : taux d’humidité irréalistes, prix mal affichés, conditions contractuelles déséquilibrées ou informations incomplètes. Même un professionnel déclaré peut afficher des pratiques discutables. D’où la nécessité de cumuler vérifications administratives, techniques et commerciales, sans se laisser guider par la seule remise.

Indices qui doivent faire tiquer

Payer sans se piéger

La carte bancaire avec 3D Secure donne un levier en cas de non-livraison. Le virement vers un compte inconnu rend la récupération des fonds aléatoire. Le paiement à la livraison peut fonctionner si le contrôle se fait sur place : volume, essence, taux d’humidité, facture avec TVA et coordonnées complètes.

Pour un achat à distance auprès d’un professionnel, le droit de rétractation de 14 jours s’applique en principe sur des produits standards. Les escrocs, eux, disparaissent avant toute démarche. Un moyen de paiement contestable et une trace écrite des échanges deviennent déterminants.

Sans facture ni preuve de paiement, la contestation se complique et les délais s’allongent.

Choisir un bois adapté et comprendre les volumes

Des labels comme NF Bois de Chauffage ou France Bois Bûche encadrent l’origine et la préparation. Ils apportent un repère, sans remplacer les contrôles à la réception. Un poêle moderne travaille mieux sous 20 % d’humidité. Un humidimètre coûte peu et évite l’encrassement du conduit, la fumée et les pertes de rendement.

Le volume se prête aux malentendus. Le stère correspond à 1 m3 de bûches d’un mètre. Recoupées, les bûches occupent moins d’espace une fois rangées. Repères pratiques :

• Bûches de 50 cm : environ 0,8 m3 empilé pour 1 stère facturé.
• Bûches de 33 cm : environ 0,7 m3 empilé pour 1 stère.
• Bûches de 25 cm : environ 0,6 m3 empilé pour 1 stère.

Le prix réel dépend du volume empilé et du taux d’humidité, pas seulement du “stère” annoncé.

Côté essences, chêne, hêtre et charme offrent un bon pouvoir calorifique et une combustion lente. Les résineux démarrent vite mais encrassent davantage. Un mélange s’envisage selon l’appareil et l’usage.

Acheter local et éviter les mauvaises surprises

Miser sur un fournisseur proche et joignable réduit les risques. Demander un devis détaillé avec essence, longueur, humidité, volume, délai, prix TTC et frais de livraison. La TVA à 10 % s’applique pour les particuliers. Certains acceptent le chèque énergie, à préciser à l’avance.

Avant de payer, appeler et, si possible, visiter le dépôt. Le jour J, planifier la présence d’une personne capable de vérifier la marchandise. Compter, mesurer, contrôler l’humidité, faire corriger la facture si un élément diffère de la commande.

Argent déjà envoyé : gestes à enchaîner

• Contacter la banque sans attendre pour enclencher une contestation si le moyen de paiement le permet.
• Rassembler les preuves : captures d’écran, échanges, RIB, devis, factures, témoignages d’autres victimes.
• Déposer plainte et signaler le site aux services dédiés à la fraude et à la cybercriminalité.
• Avertir les plateformes d’annonces pour accélérer le retrait et limiter d’autres victimes.

Avant l’hiver : outils et réflexes à adopter

Passer un site au crible avec des services de réputation, vérifier l’ancienneté du domaine, confronter les avis et la cohérence du numéro de téléphone avec l’adresse annoncée. Un vendeur sérieux assume ses coordonnées, propose un créneau de livraison réaliste et accepte un paiement sécurisé.

Anticiper l’achat au printemps ou en été stabilise les prix et laisse le temps de comparer, stocker et sécher correctement. Un appareil bien réglé consomme moins de bûches et produit moins de suie. Le bois doit sécher à l’abri, ventilé, surélevé du sol, sans contact direct avec un mur humide.

Informations complémentaires utiles

Besoin d’estimer une consommation annuelle ? Selon la surface, l’isolation et le climat, un foyer équipé d’un poêle performant peut brûler entre 3 et 7 stères par saison. Cette fourchette varie avec la température de consigne, le renouvellement d’air et l’essence utilisée.

Autres pistes pour sécuriser l’approvisionnement : achat groupé avec des voisins pour peser sur le prix et vérifier ensemble la livraison, briquettes compressées en appoint pour régulariser le tirage, carnet de réception pour noter dates, volumes, essences, taux d’humidité et références de facture. Ce suivi facilite les comparaisons et dissuade les pratiques floues.