Fondations fissurées, portes qui coincent : ces plantes du jardin qui abîment votre maison en silence
Un crépi qui se fend, une porte qui coince, un carrelage qui gondole… Dans bien des maisons, ces signaux surgissent en plein hiver, sans tempête ni inondation à accuser. Le responsable se cache parfois quelques mètres plus loin, au fond du jardin : un végétal planté trop près, dont les racines travaillent en silence.
Car certaines plantes que l on croit décoratives ou inoffensives font partie des arbres à éviter près de la maison. Leurs racines s étirent vers l eau, soulèvent dalles et terrasses, fragilisent les fondations et s infiltrent dans les canalisations. Une menace discrète, surtout quand le sol est mal préparé ou que le terrain est argileux.
Racines invisibles, dégâts bien réels sous la maison
En hiver, les racines ne dorment pas vraiment. Quand le sol retient mal l humidité, les espèces aux racines invasives avancent plus loin et plus profondément, d autant plus que les cycles de gel et de dégel fissurent la terre. Dans les sols argileux sujets au retrait gonflement, cette recherche d eau près des murs enterrés accentue encore les mouvements du bâti.
Les premiers indices se repèrent souvent à l œil nu. Parmi les signaux qui doivent alerter autour d une plantation proche de la maison :
- fissures nouvelles sur façades, angles ou murets
- dalles, terrasses ou allées qui se soulèvent
- portes ou fenêtres qui coincent soudain
- canalisations qui se bouchent ou fuites récurrentes
Bambou, figuier, peuplier, saule : les plantes à surveiller de près
Très apprécié en haie brise vue, le bambou traçant envoie ses rhizomes à plusieurs mètres, jusqu à passer sous les terrasses ou les dalles. Les spécialistes conseillent de le maintenir à au moins 10 mètres du bâti et d installer une barrière anti racines enterrée entre 60 cm et 1 m, qui remonte de quelques centimètres au dessus du sol. Sans ce dispositif, une petite haie peut rapidement coloniser tout un côté de la maison.
Le figuier, lui, adore l humidité des canalisations et des regards, qu il peut finir par obstruer, tandis que le peuplier étale un réseau racinaire superficiel capable de déformer trottoirs et dalles sur plus de dix mètres. Quant au saule pleureur, ses racines peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres, ce qui impose de le tenir très loin des habitations, piscines et fosses. Grands chênes et érables de grande taille méritent eux aussi une large distance de sécurité.
Distances, barrières et alternatives pour un jardin sans risque
Une règle simple aide à choisir où planter : viser au minimum une distance égale à une fois et demie la hauteur adulte de l arbre par rapport à la maison. En pratique, on garde 1 à 2 mètres pour les petits arbustes, bien davantage pour les grands sujets. L article 671 du Code civil fixe par ailleurs des distances minimales avec la limite de propriété, que l on peut dépasser pour mieux protéger les fondations. À l inverse, des arbustes comme le laurier tin, le lilas, le seringat ou des fruitiers de petite taille restent plus faciles à intégrer près du bâti.
Au moment de la plantation, préparer un trou profond (jusqu à 50 à 80 cm pour un arbre), ameublir le sol et pailler favorise un enracinement vertical plutôt qu horizontal. Pour les espèces à risque déjà présentes, une barrière anti racines en plastique rigide ou grillage spécial posée en profondeur, associée à une surveillance régulière et à l élagage des racines trop proches, limite la progression sous la maison. En cas de fissures importantes ou d affaissement, l avis d un professionnel du bâtiment reste indispensable.