Jardin : cette plante ignorée qui empêche votre coin fleuri de devenir un désert pour les abeilles l’hiver

Un soir de novembre, mon jardin censé aider les abeilles s’est révélé être un désert. Jusqu’à ce qu’une plante pour les abeilles en hiver change tout.
Jardin : cette plante ignorée qui empêche votre coin fleuri de devenir un désert pour les abeilles l’hiver

Tout a commencé un soir de novembre, dans ce silence un peu étrange où le jardin se fige. Plus de fleurs, presque plus de couleurs, et surtout plus le moindre bourdonnement autour de mes massifs pourtant soigneusement plantés pour "aider les abeilles". Je me suis surprise à me demander si mon jardin, plein de fleurs "coup de cœur", servait vraiment à quelque chose pour elles.

En me penchant sur le sujet, j’ai découvert que beaucoup de jardins très fleuris se transforment en véritables "déserts alimentaires" dès que l’automne avance. Un article du site Journal des Seniors parle même de "déserts alimentaires", et de fleurs "coup de cœur" ou "belles" qui laissent les abeilles sur leur faim. C’est pile à ce moment là qu’un bourdonnement venu d’un coin que je regardais à peine a tout changé : le salut des abeilles du jardin venait d’une seule plante, invisible à mes yeux jusque là.

Dans mon jardin, une plante pour les abeilles en hiver que j’ignorais totalement

Ce jour là, la pelouse jaunissait, les massifs de l’été étaient à nu, et je pensais que tout était terminé pour les butineuses. Pourtant, au pied d’un vieux tronc et le long d’un mur ombragé, une masse de feuillage vert sombre était couverte de petites sphères jaune-vert, à peine visibles de loin. En m’approchant, j’ai vu des abeilles, des syrphes, des bourdons, tous rassemblés sur ces minuscules fleurs comme autour d’un buffet improvisé alors que le reste du jardin semblait endormi.

J’ai compris que ce feuillage que je considérais presque comme une mauvaise habitude du jardin, c’était du lierre commun, Hedera helix. Ses fleurs discrètes s’ouvrent de septembre à novembre, parfois un peu plus longtemps, au moment précis où presque tout le reste a cessé de fleurir. Leur nectar et leur pollen riches deviennent l’un des ultimes banquets de la saison pour les abeilles qui doivent encore constituer leurs réserves avant l’hiver. Ce "simple" lierre faisait en réalité toute la différence dans mon jardin quand le froid commençait à s’installer.

Lierre, phacélie et autres plantes mellifères pour un garde manger des abeilles toute l’année

En France, près de 80 % des espèces de plantes à fleurs dépendent des insectes pollinisateurs pour se reproduire. Sans eux, beaucoup de fruits et légumes disparaissent de nos assiettes. Pour autant, une grande partie de nos massifs restent décoratifs avant tout et n’offrent pas toujours nourriture ni abri. Ce décalage entre ce que nous trouvons beau et ce dont les abeilles ont besoin explique pourquoi tant de jardins en apparence accueillants deviennent, une fois l’automne venu, ces fameux "déserts alimentaires" dénoncés par le Journal des Seniors.

À l’inverse, certaines plantes mellifères jouent un rôle clé au fil de l’année. La phacélie, par exemple, a été décrite dans ce même article comme dotée de "super-pouvoirs insoupçonnés", une "cantine 3 étoiles" et une "véritable championne toutes catégories" pour nos "précieuses travailleuses". Elle fleurit généreusement de mai à la fin de l’été, avec un nectar très abondant et un pollen de qualité, au point d’être surnommée "reine des pollinisateurs", dans un dossier de Trucmania. Associer phacélie pour la belle saison et lierre pour l’automne permet déjà de couvrir une longue partie de l’année, complétée par d’autres plantes pour les abeilles en hiver comme les hellébores, les mahonias, les bruyères d’hiver, le romarin en climat doux, ou encore les premiers crocus et perce-neige de fin d’hiver.

Comment planter le lierre et créer un vrai refuge pour les abeilles en hiver

Le lierre a longtemps souffert d’une réputation de plante envahissante, accusée d’étouffer les arbres ou de fragiliser les murs. En réalité, bien installé, il se comporte comme un allié précieux dans un jardin écoresponsable. Il supporte l’ombre, les coins difficiles, les talus où la pelouse ne pousse plus, et son feuillage persistant offre un abri à une foule d’insectes et d’oiseaux. L’automne, et même le mois de novembre si le sol n’est pas gelé, reste un moment idéal pour le planter, tout comme le début du printemps.

Installer du lierre pour en faire un refuge à abeilles en hiver reste très simple :

  • Choisir un coin ombragé ou de mi-ombre, au pied d’un arbre, d’un mur sain ou d’une clôture solide.
  • Planter en automne ou au début du printemps, en arrosant régulièrement les premières semaines.
  • Laisser le lierre s’installer puis le tailler une fois par an pour contenir sa vigueur et protéger les plantes voisines plus fragiles.
  • Associer ce feuillage à des plantes comme le fuchsia, la pervenche ou la bruyère, qui prendront le relais à d’autres saisons et garderont le massif vivant.

Au fil des années, ce qui n’était qu’un coin sombre devient un véritable microcosme : fleurs de lierre bourdonnantes en automne, baies nourrissant les oiseaux en fin d’hiver, abri pour les insectes utiles dans le maillage serré des feuilles. On se surprend alors à attendre la fin de l’automne, juste pour entendre à nouveau ce bourdonnement continu qui prouve qu’avec quelques plantes mellifères bien choisies, même un petit jardin peut offrir beaucoup aux abeilles quand elles en ont le plus besoin.