Compost : ce piège avec les feuilles mouillées que personne ne vous signale avant qu’il ne soit trop tard
Un matin d’hiver, le couvercle du bac à compost se soulève et, au lieu d’un humus souple et parfumé, c’est une bouillie compacte et malodorante qui apparaît. Beaucoup de jardiniers incriminent alors les épluchures de cuisine ou le froid. En réalité, le vrai coupable se cache souvent juste au-dessus du gazon : les feuilles mortes tombées à l’automne.
Ces feuilles, surtout quand elles sont bien détrempées par les pluies et les brumes, semblent parfaites pour nourrir le tas. Elles finissent pourtant par le saboter en silence, au moment même où le compost fonctionne déjà au ralenti à cause du froid. Et c’est là que les ennuis commencent.
Feuilles mouillées : le piège caché dans votre composteur
En automne, les feuilles tombées au sol s’imbibent d’eau et ont tendance à s’agglomérer. Versées en masse dans le bac, ces feuilles mouillées forment des couches épaisses qui piègent l’humidité. Le tas se transforme peu à peu en soupe de feuilles, la structure s’affaisse et la décomposition ralentit fortement, au lieu de produire un terreau aéré et facile à travailler.
L’excès d’eau occupe les interstices qui devraient laisser passer l’air. Les bactéries, champignons et lombrics du compost ont besoin d’humidité, mais aussi d’oxygène en quantité suffisante pour faire leur travail. Quand l’air ne circule plus, le tas ne chauffe plus, passe en mode de fermentation lente, dégage des odeurs d’ammoniac ou de fermentation et laisse apparaître des zones compactées et parfois moisies.
Reconnaître un compost noyé par les feuilles mortes
Un compost ralenti par trop de feuilles détrempées se repère vite. La texture devient collante, lourde, presque spongieuse, avec des couches de feuilles encore bien visibles et compactées, loin de l’aspect grumeleux d’un compost en forme. Le tas reste froid, même en son centre, et des odeurs fortes, proches de l’ammoniac ou de l’œuf pourri, signalent que la matière ne respire plus correctement.
Ces soucis viennent souvent d’une série de petits réflexes d’automne cumulatifs :
- vider d’un coup de gros sacs de feuilles très humides dans le bac sans les mélanger ;
- laisser le tas sans brassage, jusqu’à ce qu’une croûte compacte se forme en surface ;
- compter sur la pluie pour arroser le compost, alors qu’elle tasse et surcharge en eau ;
- oublier d’ajouter du broyat de branches, de la paille, du carton brun ou des brindilles pour aérer.
Les bons gestes pour que les feuilles mouillées enrichissent le compost
Pour éviter cette soupe de feuilles, les spécialistes conseillent de ne jamais jeter des feuilles détrempées en masse. Mieux vaut les laisser sécher quelques jours en tas ou sur une bâche, voire les déchiqueter, puis les incorporer progressivement en alternance avec les déchets de cuisine. Après chaque apport, ajouter des matières sèches structurantes comme des copeaux ou du broyat de taille, de la paille, des feuilles mortes bien sèches, du carton brun déchiré ou un peu de sciure permet de rétablir l’équilibre, avec environ deux tiers de matières brunes pour un tiers de matières humides.
Retourner le compost une à deux fois entre décembre et février, ou environ une fois par mois quand l’hiver est très humide, suffit en général à réoxygéner l’ensemble. En protégeant le dessus du tas de la pluie directe avec un couvercle ou une planche et en surveillant régulièrement texture et odeurs, les feuilles mouillées deviennent alors un atout pour nourrir la terre, plutôt qu’un frein à la transformation.