Compost : ce tapis de feuilles mouillées qui semble anodin déclenche en fait un blocage invisible dans votre tas
L'automne vient à peine de finir et, dans les jardins français, les tas de feuilles mouillées s'accumulent au pied des arbres et le long des haies. Par réflexe, beaucoup les entassent dans le compost, persuadés de recycler au mieux cet "or jaune" de saison. Mais une fois détrempées par les pluies de décembre, ces feuilles ne se comportent plus du tout comme un simple apport brun anodin.
Quand elles arrivent trempées dans le bac, les feuilles forment vite un matelas compact qui se tasse sous le froid et la pluie. Au lieu d'un compost vivant, on obtient alors une masse lourde, collante, qui ne se réchauffe plus et commence parfois à sentir mauvais. Ce n'est pas qu'une petite gêne : dans le tas, les feuilles mouillées déclenchent une série de blocages invisibles.
Feuilles mouillées et compost : quand l'humidité prend le dessus
Tout commence souvent par un grand ramassage juste avant les fêtes : sacs remplis de feuilles mortes, vidés d'un coup dans le composteur ou au fond du jardin. En décembre, la pluie et la rosée transforment vite ce tas en "paillasson détrempé", où chaque feuille se colle à l'autre. Résultat : une couche presque étanche, qui laisse très peu passer l'air et retient durablement l'humidité. Dans le froid, ce bouchon humide maintient le tas saturé d'eau bien plus longtemps qu'en été.
Or un bon compostage hivernal repose sur un principe simple : le tas doit respirer. Les micro-organismes qui décomposent les épluchures, les bactéries, champignons et vers, ont besoin de beaucoup d'oxygène. Quand l'eau occupe tous les interstices, trop d'humidité chasse l'oxygène, la température interne chute et l'activité s'effondre. Les déchets ne se transforment plus : ils s'agglutinent, fermentent, et quelques moisissures indésirables peuvent apparaître.
Reconnaître un compost étouffé par les feuilles humides
Un tas asphyxié par les feuilles mouillées se repère vite quand on ose plonger la fourche dedans. La texture devient collante, lourde, presque spongieuse, loin des miettes grumeleuses d'un compost sain. Les couches de feuilles restent entières, serrées entre elles comme une croûte, et l'ensemble dégage parfois une odeur d'ammoniac ou de fermentation. Le tas paraît froid, compact, sans la moindre bouffée de chaleur qui signale normalement une bonne activité interne.
Quelques signaux concrets doivent alerter avant que le tas ne s'asphyxie complètement :
- Compost compact, collant, parfois gluant au toucher
- Couches de feuilles entières formant un "couvercle" en surface
- Odeurs fortes d'ammoniac ou de fermentation stagnante
Ces symptômes vont souvent de pair avec des habitudes très courantes : accumuler d'un coup un gros volume de feuilles humides, oublier de brasser le tas, compter sur la pluie pour "arroser" et négliger l'ajout de bois broyé, de brindilles ou de carton brun. Peu à peu, le compost devient un bloc détrempé, difficile à récupérer au cœur de l'hiver.
Les bons gestes pour utiliser les feuilles mouillées sans bloquer le compost
Pour éviter ce scénario, mieux vaut préparer les feuilles avant de les intégrer. Dès que la météo le permet, les étaler pour les faire sécher, puis les broyer à la tondeuse ou au broyeur, raccourcit leur décomposition et limite les paquets étanches. On les ajoute ensuite en couches fines, toujours mélangées à des matières sèches structurantes (broyat, paille, carton brun) et à des apports azotés comme les déchets de cuisine, les tontes ou le marc de café. Un tas qui respire, même en plein froid, continue de transformer lentement les feuilles mortes en or brun pour le potager et le verger.