Compost gelé tout l'hiver : ce déchet du petit-déjeuner que vous jetez peut tout changer en quelques jours
Un matin de gel, le couvercle du composteur résiste, la surface du tas est dure comme du béton, et beaucoup se disent que tout est perdu jusqu’au printemps. Les épluchures repartent alors dans la poubelle grise, alors qu’en profondeur, une vie ralentie continue malgré le froid. Le compost semble figé, il ne l’est pas.
Pour l’aider à traverser l’hiver, il existe un allié inattendu, présent sur presque toutes les tables de petit-déjeuner. Un déchet que l’on jette chaque jour dans l’évier ou la poubelle, alors qu’il peut jouer le rôle de petite chaudière biologique au cœur du tas. Ce déchet discret change la donne quand le compost gelé paraît à l’arrêt.
Compost gelé en hiver : un tas ralenti, pas un tas mort
Dès que le thermomètre passe sous 0 °C, une croûte se forme à la surface du compost. Les bactéries et les vers ralentissent fortement, les déchets s’accumulent, surtout dans le nord ou en montagne, où un blocage quasi total de la décomposition est observé en surface. Pourtant, quelques centimètres plus bas, l’activité ne s’arrête jamais totalement si le tas reste un peu humide.
Les collectivités rappellent l’enjeu de garder ce processus vivant. Limoges Métropole note ainsi : "Près de 100kg de déchets par an et par habitant sont déviés des circuits de collecte grâce au compostage". En clair, maintenir un compost actif, même sous le gel, permet de continuer à transformer les biodéchets en ressource locale plutôt qu’en simple ordure incinérée.
Marc de café : le déchet du petit-déjeuner qui réveille le compost
Ce fameux déchet, c’est le marc de café. Résidu des cafetières et machines, il fait partie des déchets alimentaires acceptés au compost au même titre que les épluchures ou les coquilles d’œuf. Fraîchement produit, il est encore tiède et très riche en matières organiques facilement fermentescibles, avec une bonne part d’azote qui nourrit les micro-organismes.
Versé en fine couche sur un compost gelé, le marc agit comme une petite "amorce thermique". Sa chaleur résiduelle et sa couleur sombre créent un point chaud local qui aide à fissurer la croûte glacée. Sa texture fine se glisse entre les déchets, apportant de l’énergie immédiatement disponible aux bactéries, ce qui relance la décomposition au cœur du tas, même quand les nuits descendent à –3 °C.
Combien de marc de café utiliser, et quelles erreurs éviter ?
Pour un composteur familial de 300 à 500 L, les guides recommandent d’ajouter environ 100 à 200 g de marc frais par semaine, soit l’équivalent de quelques cafetières, en fine couche ou légèrement incorporée. L’idéal est de le déposer encore tiède le matin, puis de le recouvrir de matières brunes (feuilles sèches, carton, petits branchages) pour garder la chaleur et l’aération. Utilisé seul et en excès, le marc peut acidifier et tasser le tas ; il doit rester minoritaire et alterner avec d’autres déchets verts.
Les spécialistes mettent aussi en garde sur d’autres réflexes hivernaux. À Loudun, "Il y avait encore dans la poubelle noire des choses qui ne devaient pas y être, comme les agrumes que je ne pensais pas qu’on pouvait mettre dans le compost ou la cendre de cheminée", raconte Christelle Lamiot, citée par La Nouvelle République. La cendre illustre bien ce risque de déséquilibre : "Les sols acides (pH inférieur à 5,5) seront probablement améliorés par un apport de cendre de bois. Les sols légèrement acides (pH 6,0 à 6,5) ne devraient pas être endommagés par l'application de 20 livres pour 100 pieds carrés par an, si la cendre est incorporée au sol sur environ six pouces", décrit Rosie Lerner, spécialiste horticole, citée par GardenersPath. Dans un composteur, Olivia Saunders, spécialiste en agriculture, citée par l’Université du New Hampshire Extension, recommande qu’"elle ne devrait pas représenter plus de 5 % de votre compost". Limoges Métropole classe d’ailleurs "Terre, sable, cendre de cheminée" parmi les déchets non compostables. Pour vérifier que le marc fait bien son travail, il suffit ensuite de surveiller quelques signes :
- une légère tiédeur au cœur du tas ou une fine vapeur le matin,
- une odeur de terre fraîche plus marquée,
- une texture qui redevient friable et un volume de déchets qui diminue.