Vous comptez sur cette plante dépolluante du salon pour assainir l’air ? les études révèlent l’énorme méprise
Dans beaucoup de salons français, une grande plante verte trône à côté du canapé, fière sur sa table basse. Étiquette en jardinerie, posts Instagram et conseils déco l’ont érigée en alliée santé : cette plante vedette, souvent un Ficus, une Monstera ou un Pothos, serait capable de purifier l’air du logement presque toute seule.
La promesse séduit, surtout quand on lit que l’air intérieur peut être de 2 à 5 fois plus pollué que l’air extérieur, avec des composés organiques volatils comme le formaldéhyde ou le benzène. Mais entre les slogans sur les plantes dépolluantes et ce qui se passe vraiment dans un appartement, l’écart est grand.
Comment la “plante dépolluante” est devenue la star du salon
Le succès de ces plantes vient d’abord de la déco. Elles apportent du vert en ville, structurent l’espace et donnent une ambiance chaleureuse en plein hiver. Les jardineries ont vite surfé sur cette envie de nature, en mettant en avant ficus, spathiphyllum ou aréca comme de véritables poumons verts, capables de filtrer formaldéhyde, toluène ou trichloroéthylène.
Pour un foyer inquiet de la qualité de l’air, l’équation paraît idéale : un pot posé près du radiateur et l’on espère neutraliser les émanations de peintures, meubles neufs, bougies parfumées ou produits ménagers. L’idée rassure, presque trop belle pour être vraiment exacte.
Derrière le mythe, ce que montrent les études
L’engouement est né de travaux menés à la NASA dans les années 1980. Des chercheurs ont placé certaines plantes dans de petites chambres fermées, saturées en polluants, sans aucune aération. Dans ces conditions extrêmes, le feuillage, le sol et les micro-organismes des pots ont effectivement fait baisser certains COV. Ces résultats ont ensuite été largement simplifiés et repris dans le commerce grand public.
Quand des équipes françaises ont testé ces plantes dans des environnements proches d’un vrai logement, via le programme Phyt’Air et des travaux soutenus par l’ADEME et l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, la conclusion est tombée : l’effet dépolluant existe, mais il reste très faible par rapport au simple renouvellement d’air. Des synthèses récentes estiment même qu’il faudrait entre 10 et 10 000 plantes par mètre carré pour atteindre l’efficacité d’un purificateur d’air domestique. Pour un salon de 20 m², cela représenterait au minimum 200 pots, voire une véritable jungle impossible à vivre.
Les bons gestes pour assainir l’air… et le vrai rôle des plantes
Pour respirer un air plus sain, les autorités sanitaires recommandent surtout de limiter les sources de pollution et de mieux ventiler. Quelques habitudes pèsent bien plus qu’une plante en pot :
- Aérer au moins 10 minutes matin et soir, fenêtres grandes ouvertes, même en hiver.
- Réduire bougies parfumées, encens, sprays désodorisants et choisir des produits ménagers plus simples.
- Entretenir VMC, bouches d’aération et appareils de chauffage afin d’éviter fumées et moisissures.
Les plantes d’intérieur gardent pourtant tout leur intérêt. Leur présence améliore le confort visuel, donne une impression de calme, occupe les mains et l’esprit lors de l’arrosage ou du rempotage. Elles soutiennent le moral, apportent un vrai plaisir au quotidien, mais leur capacité à dépolluer l’air reste modeste. Autrement dit, on les adopte pour le bien-être et la beauté du salon, sans leur demander de remplacer une fenêtre ouverte.